Au détour d’une discussion sur mastodon je viens de retrouver ce bout de texte écrit mais jamias publié.
+J’y parle de ce que formuler des critiques me fait, de la hiérarchisation qui en découle, et de ce qu’elle me fait à moi mais aussi aux producteurs⋅ices.
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+Voici un chemin que je semble parcourir depuis quelques années, de manières répétées mais sans m’en rendre compte.
+Je commence par découvrir : tout est génial, un nouveau monde qui s’explore, de nouvelles personnes, de nouveaux termes, de nouvelles envies.
+Et puis je cherche mieux, plus fort, plus surprenant. Il faut désormais analyser, comparer, trouver des critères pour hiérarchiser, pour tendre vers mieux — (mais pourquoi ? peut-être pour chercher à montrer que je suis (le) meilleur ?)
+Plusieurs choses semblent découler de ce mécanisme :
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Mon niveau d’attente peut s’élever, à tel point qu’il faudrait bientôt la perfection pour me rendre heureux.
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Les personnes qui créent ce que j’écoute, ce que je lis, ce que j’utilise, ce que je mange, ce que je pense; ces personnes sont comparées à d’autres. D’autres qui font mieux, plus grand, plus beau.
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Je me renferme sur ce que j’apprécie pour ses qualités intrinsèques, sans considération pour le contexte. J’en viens alors à manquer de profiter de ce qui se fait ici, en y préférant ce qui se fait là bas.
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Ne pas (se) mettre la pression
+Une chose que j’ai apprise en devenant brasseur, c’est qu’il est facile de se comparer à d’autres, de se mettre la pression. Je crois cette pression néfaste me fait rentrer dans un jeu de compétition — et non pas de saine émulation — où je compare toujours ce que je fais a ce que d’autres font. Je n’apprécie plus les choses pour ce qu’elles sont, mais pour ce qu’elle ne sont pas, pour ce qui leur manque.
+Je produis également cette pression — sur d’autres — quand je juge et classe.
+Après quelques années à fabriquer de la bière, je sais maintenant «ce que je vaux » et donc les critiques extérieures m’impactent moins que par le passé, mais avant d’arriver à cette connaissance de moi même, ces comparaisons ne me facilitaient pas la vie.
+Intellectualisation vs Émotions
+En cherchant à intellectualiser mes ressentis, en cherchant à analyser ce que je vis, est-ce que je n’oublie pas d’aller puiser dans mes émotions ? En analysant de trop, est-ce que je ne me prive pas de mes ressentis ?
+Vers une éthique de la critique ?
+Il semble alors que se poser quelques questions permette d’y voir plus clair :
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- Questionner mon niveau d’attente : Quel est mon niveau d’attente ? Où s’arrête le « bien » et où commence l’exceptionnel ? +
- Sortir de la compétition : Suis-je en (ou en train de rentrer en) compétition avec ce que je juge ? Pourquoi ? +
- Questionner l’impact de mes critiques sur les autres et sur moi-même; +
- Rechercher le plaisir : Est-ce que je trouve du plaisir dans le fait de faire une critique ? et si oui est-ce sain ? Est-ce une critique constructive ? +