Je parle souvent de coopération, que j’imagine comme « un fonctionnement collectif, dans lequel chacun⋅e y trouve son compte ».
+Or je me rends aujourd’hui compte que cette définition mets de côté les interactions entre les concerné⋅es, et (surtout) leurs modalités.
+Autrement dit : la coopération ne devrait pas être un moyen que chacun⋅e y trouve son compte, mais une capacité à faire ensemble. C’est une pratique, plutôt qu’un résultat.
+Je découvre qu’il s’agit d’un mode de fonctionnement qui n’est pas évident pour tout le monde au quotidien.
+Notre mode de fonctionnement actuel au travail est de nous séparer les tâches, décision prise pour diminuer la charge de travail de chacun : il nous faut être efficaces.
+Mais cette séparation ne nous permet pas d’apprendre à faire ensemble. C’est une séparation des tâches, plutôt qu’une réelle coopération.
+Plutôt que de faire les choses en collaboration, on choisit donc de faire les choses chacun⋅e dans son coin, en ayant nos zones d’expertises, nos décisions qui nous incombent et notre responsabilité.
+Je me questionne sur la culture que produit ce mode de fonctionnement : j’ai l’impression que chez moi cela produit de l’isolement. J’aimerais alors plutôt chercher à cultiver le « faire ensemble », pour favoriser les moments d’échange et de transmission.
+Peut-être est-ce justement parce que les savoirs techniques m’ennuient rapidement que j’ai besoin de ces moments de transmission ? Ceux-cis ne seraient alors pour moi pas un moyen mais un objectif.
+Je ne me sens pas toujours plainement satisfait dans mon travail actuel, et je cherche à comprendre ce qui cause cet état : il semble que je m’ennuie vite quand je me retrouve seul face à des problématiques qui pourraient bénéficier d’une discussion.
+Un autre travail de déconstruction
+Pour ce paragraphe j’ai longuement hésité entre le « je » et le « on », ayant l’impression d’être parfois le sujet et parfois l’observateur des comportements décrits. J’ai finalement opté pour le « je » en guise d’exercice de remise en question personnelle.
+Malheureusement, je — on — me mets parfois en compétition, ce qui empêche justement cette coopération / collaboration d’avoir lieu.
+Plutôt que d’apprendre par l’observation — « Ah tiens, ça c’est une faiblesse chez moi, je devrais travailler dessus », « Ah tiens, c’est intéressant la manière dont iel s’empare de telle problématique » — je “bloque” parfois l’apprentissage en me construisant une image de moi-même meilleure qu’elle n’est en réalité, peut-être pour éviter d’affronter mes propres faiblesses.
+Pourtant, les considérer comme des faiblesses semble une étape indispensable pour pouvoir ensuite les soigner.
+Mais impossible d’activer cette manière de concevoir le rapport à l’autre quand je suis en compétition : je passe alors mon temps à me rassurer sur ma manière d’être. Je veux absolument me trouver meilleur que je ne suis en réalité.
+Pour sortir de ce mode de fonctionnement, il me faut chercher à apprendre des autres, souligner mes faiblesses pour les travailler, plutôt que de refuser de les pointer du doigt.
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