La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance

Paul Ariès dans la préface de “La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance

Je sais aussi qu’à force d’être seulement contre, nous finissons par être « tout contre », tout contre le système, ses débats pourris, ses pratiques immondes, ses perversions mentales. Cessons de porter notre adversaire sur notre dos, car il finira par nous poignarder, au moment ou nous pensions justement pouvoir le vaincre… Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’apprendre à “positiver” sous prétexte que l’on pourrait “moraliser” ou repeindre en vert le capitalisme, il s’agit, bien au contraire, d’être aussi intraitables lorsque nous créons cet autre monde, que lorsque nous étions ces militants purs mais un peu durs à jouir, il s’agit d’être aussi indomptables mais sans oublier que le capitalisme ne pourra être arrêté que par du non-capitaliste… c’est-à-dire en multipliant les expérimentations sociales, en acceptant de faire au maximum sécession, en inventant (réinventant?) une gauche buissonnière et maquisarde, en faisant, au quotidien, la part belle à la dérive, à des modes de comportement expérimentaux.

Nous ne devons plus accepter de faire de la politique aux conditions de nos adversaires, car c’est la seule façon d’éviter le pessimisme, le ressentiment, une désensibilisation croissante et… la mort lente.