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Le piège du développement&nbsp;personnel - Alexis Métaireau </title>
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<h1 class="post-title">Le piège du développement&nbsp;personnel</h1>
<p><em>À quel point le « développement personnel » et la « psychologie positive » peuvent-elles être symptomatiques d'une cécité vis à vis des différentes formes d'oppression et de domination à l'œuvre dans notre société ?</em></p>
<time datetime="2020-01-21T00:00:00+01:00">21 janvier 2020</time>
</header>
<article>
<p>Ces derniers temps, je me suis retrouvé à questionner mon rapport a la pratique du développement personnel. À quel point le celui ci, et la « psychologie positive » peuvent-elles jouer un rôle de « cache misère » vis à vis des différentes formes d&#8217;oppression et de domination à l&#8217;œuvre dans notre société&nbsp;?</p>
<p>Voire même : ce courant de pensée peut-il favoriser un certain conservatisme ? Se changer soi même équivaut-il à une adaptation au système en place, supprimant alors toute volonté de révolte et de changement sociétal&nbsp;?</p>
<p>Face à un constat considéré comme « négatif » sur notre société, plusieurs manières de prendre la chose (entre autres)&nbsp;:</p>
<ol>
<li><strong>Le travail sur soi</strong>, qui cherche à percevoir les choses sous le meilleur angle possible. Ici, « Toute expérience est bonne à prendre »&nbsp;;</li>
<li><strong>La problématisation</strong> : essayer de comprendre quelles sont les normes et les valeurs qui amènent au problème&nbsp;constaté.</li>
</ol>
<h2 id="le-probleme">Le problème&nbsp;?</h2>
<p>« Travailler sur soi » est parfois mis en opposition avec le fait de déconstruire sociétalement notre&nbsp;monde.</p>
<p>Il est (bien sur) souhaitable de mieux vivre la violence des systèmes oppressifs, mais il semble quelque part important d&#8217;en avoir d&#8217;abord conscience, pour que ce « travail sur soi » ne soit pas assimilé à une « technique de l&#8217;autruche&nbsp;».</p>
<p>Il semble aussi que nous ne sommes malheureusement pas tou⋅te⋅s égaux/égales face aux violences systémiques, et « mieux vivre » ces violences, bien que possible pour certain⋅e⋅s, reste impossible pour d&#8217;autres <sup id="fnref:matrice-des-dominations"><a class="footnote-ref" href="#fn:matrice-des-dominations">1</a></sup>.</p>
<p>Plutôt que d&#8217;accepter (implicitement) cette violence, il me semble utile de <strong>comprendre comment cette violence s&#8217;applique</strong>, de manière à remonter aux racines du problème, pour pouvoir le&nbsp;résoudre.</p>
<h2 id="developpement-personnel-vs-sociologie">Développement personnel vs&nbsp;sociologie</h2>
<blockquote>
<p>N&#8217;acceptez pas les choses que vous ne pouvez changer, mais changez les choses que vous ne pouvez pas&nbsp;accepter. </p>
<p>— Angela&nbsp;Davis</p>
</blockquote>
<p>Le développement personnel, bien qu&#8217;une pratique avec des buts qui semblent nobles de prime abord, semble contenir son lot de&nbsp;problèmes.</p>
<p>Parmi ceux-cis : une minimisation des problèmes ressentis, et comme le dit Aude Vidal dans son livre « Égologie », une culpabilisation de chacun⋅e : « Si tu en est là, c&#8217;est que tu choisis de voir les choses sous cet angle&nbsp;».</p>
<blockquote>
<p>« Se changer soi pour changer le monde », cette prescription […] semble au final un leurre, car travailler sur soi-même […] c&#8217;est avant tout accepter une vision du monde où chacun⋅e étant capable d&#8217;aller bien, chacun⋅e est responsable de son sort.
— Aude Vidal,&nbsp;Égologie</p>
</blockquote>
<p>Parfois, on en vient également à « psychologiser » des situations, c&#8217;est à dire essayer d&#8217;expliquer des situations sociétales comme on le ferait d&#8217;une personne, sans prendre en compte la société dans son ensemble et dans sa complexité, et cela vient se substituer à l&#8217;approche&nbsp;sociologique.</p>
<p>On peut également voir ce déni de l&#8217;approche sociologique comme une naïveté à l&#8217;égard du monde, entretenue par les nombreux ouvrages qu&#8217;on trouve sur le sujet. On nous dira bientôt qu&#8217;il faut arrêter de se tenir au courant de ce qui se déroule dans le monde, les mauvaises nouvelles étant diablement mauvaises pour notre&nbsp;Karma.</p>
<p>Penser le monde dans sa complexité me semble une condition nécessaire pour pouvoir le faire évoluer dans une direction&nbsp;intéressante. </p>
<h2 id="une-culture-de-la-passivite">Une culture de la&nbsp;passivité</h2>
<p>Cette manière de penser le monde nous pousse à la passivité : si plutôt que de voir les choses en face, nous décidons de changer notre manière de percevoir les problèmes, alors nous nous&nbsp;dépolitisons.</p>
<p>Elle laisse également penser que l&#8217;approche sociologique nous empêcherait d&#8217;agir, comme si réfléchir aux problèmes de société était un problème en soi, alors que monopole de la résolution de conflit n&#8217;est pas au développement personnel&nbsp;!</p>
<p>L&#8217;approche sociologique permet quelque part de se déculpabiliser : on peut à partir du constat sociologique se dire « je suis oppréssé⋅e, c&#8217;est pas de ma faute, maintenant que je le sais je peux travailler dessus plus facilement&nbsp;».</p>
<p>Une prise de pouvoir, en quelque&nbsp;sorte.</p>
<h2 id="ressources-pour-aller-plus-loin">Ressources / pour aller plus&nbsp;loin</h2>
<ol>
<li><a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/MALET/58981">Le système Pierre Rahbi — Le monde&nbsp;diplomatique</a></li>
<li><a href="https://blog.notmyidea.org/egologie.html">Égologie, par Aude&nbsp;Vidal</a></li>
<li><a href="https://labrique.net/index.php/thematiques/politicaille/954-cyril-dion-coli-briseur-de-l-ecologie-radicale">Cyril Dion, Coli-briseur de l&#8217;écologie radicale — La&nbsp;brique</a></li>
</ol>
<div class="footnote">
<hr>
<ol>
<li id="fn:matrice-des-dominations">
<p>Comme théorisé avec la <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Matrix_of_domination">matrice des dominations</a>.&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:matrice-des-dominations" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
</li>
</ol>
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