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<title>Réveil&nbsp;difficile - Alexis Métaireau</title>
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<h1 class="post-title">Réveil&nbsp;difficile</h1>
<time datetime="2022-05-30T00:00:00+02:00">30 mai 2022</time>
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<p><em>Je viens de remettre la main sur un texte écrit durant Artfèvre 2020, et je lui donne beaucoup plus de sens avec du recul. Je crois que ça parle de ma prise de conscience des oppressions de classe (sexisme, racisme), toute fraîche à&nbsp;l&#8217;époque.</em></p>
<p>La discussion avait été transcendante. Difficile, même : mes repères s&#8217;estompaient, semblaient flous et d&#8217;un seul coup, se refermer sur moi-même. Je réalisais que ma place était ailleurs. Pas ailleurs physiquement, mais ailleurs <em>mentalement</em>. Je réalisais que les préceptes qui « dirigeaient » ma vie, de manière tellement certaine, tellement évidente, venaient de&nbsp;bouger.</p>
<p>Comme si je sortais d&#8217;un ensorcellement, que mon comportement — ma perception, même — avaient étés durant des années différents, et que, enfin, je me réveillais. Avec un arrière-goût amer dans le fond du&nbsp;palais.</p>
<p>L&#8217;incantation ne commençait pas : ses effets finissaient par disparaître. Comme sorti du brouillard, une certitude : bien que je n&#8217;étais pas le seul à réaliser le sort qui m&#8217;avait été réservé, beaucoup d&#8217;autres n&#8217;en avaient pas du tout conscience. Voire même : ceux qui n&#8217;en avaient pas conscience semblaient évoluer dans ce qui me semblait maintenant une béatitude <em>malaisante</em>.</p>
<p>Certain⋅e⋅s s&#8217;injectaient même volontairement des <em>doses</em> de cette <em>potion</em> pour que le brouillard ne se dissipe pas. Et je comprends pourquoi : les effets sont puissants, ils rendent les frontières lisses, colorent les interstices, remplacent les malaises par des joies&nbsp;candides.</p>
<p>Malgré ça, je suis content d&#8217;entrevoir maintenant le monde comme il est réellement. Je suis content de refuser cette vérité qui n&#8217;en est pas une, cette science occulte&nbsp;destructrice.</p>
<p>J&#8217;entrouvre les yeux par delà le brouillard, et il ne fait pas spécialement beau. J&#8217;aurais voulu,&nbsp;pourtant.</p>
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