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<feed xmlns="http://www.w3.org/2005/Atom"><title>Alexis Métaireau - lectures</title><link href="https://blog.notmyidea.org/" rel="alternate"></link><link href="https://blog.notmyidea.org/feeds/lectures.atom.xml" rel="self"></link><id>https://blog.notmyidea.org/</id><updated>2024-02-14T00:00:00+01:00</updated><entry><title>Le conflit n’est pas une agression</title><link href="https://blog.notmyidea.org/le-conflit-nest-pas-une-agression.html" rel="alternate"></link><published>2024-02-14T00:00:00+01:00</published><updated>2024-02-14T00:00:00+01:00</updated><author><name>Sarah Schulmann</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2024-02-14:/le-conflit-nest-pas-une-agression.html</id><summary type="html"><p>J&#8217;ai commencé ce livre en fin d&#8217;été, et je l&#8217;ai lu par petits morceaux. Pas que ce soit difficile à lire, mais plutôt parce que j&#8217;avais envie/besoin de lire et de relire certains passages qui faisaient écho à des situations que j&#8217;ai pu traverser …</p></summary><content type="html"><p>J&#8217;ai commencé ce livre en fin d&#8217;été, et je l&#8217;ai lu par petits morceaux. Pas que ce soit difficile à lire, mais plutôt parce que j&#8217;avais envie/besoin de lire et de relire certains passages qui faisaient écho à des situations que j&#8217;ai pu traverser, que ce soit dans le cadre pro ou&nbsp;ailleurs.</p>
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<p>Si je devais ne retenir qu&#8217;une chose de ce livre, ce serait le travail autour de « l&#8217;escalade du conflit ». Le propos principal de Sarah Schulmann me semble être qu&#8217;il est important de detecter et d&#8217;éviter les mécaniques d&#8217;escalade (du conflit vers l&#8217;agression), cette escalade pouvant être une distraction pour éviter de discuter réellement des&nbsp;problèmes.</p>
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<p>Quelques morceaux&nbsp;choisis:</p>
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<p>Plutôt que d&#8217;assumer sa part de responsabilité dans l&#8217;existence d&#8217;un conflit, le recours à l&#8217;accusation constitue une arme redoutable, et c&#8217;est ainsi que les conflits ordinaires s&#8217;intensifient au point de se transformer en crises.
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Le choix d&#8217;incriminer plutôt que de résoudre est le produit d&#8217;une pensée dysfonctionnelle ; il repose sur une conception négative des relations de groupe, qu&#8217;il participe à renforcer, là où il s&#8217;agirait au contraire de remettre activement en question cette&nbsp;idéologie.</p>
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<p><strong>Ce mécanisme d&#8217;exagération du préjudice passe par des accusations infondées qui viennent justifier l&#8217;usage de la violence, tandis que les dynamiques d&#8217;exclusion enrayent toute possibilité de&nbsp;communication.</strong></p>
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<p>La résistance à la marginalisation, à l&#8217;exclusion et à la domination, bien que nécessaire, est interprétée comme une attaque et sert une nouvelle fois de justification pour intensifier les agressions [&#8230;] et la violence; Pour transformer ces paradigmes, les maitres mots sont la communication, et la réparation - plutôt que l&#8217;exclusion et la&nbsp;division.</p>
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<p>— page&nbsp;25.</p>
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<p>Et si l&#8217;autre personne mettait le doigt sur quelque chose que je n&#8217;étais pas en mesure d&#8217;exprimer toute seule ? <strong>Est-ce que ça me mettrait en colère ou est-ce que je refuserais de voir la réalité ? Plutôt que de me livrer à l&#8217;introspection, est-ce que je trouverais une manière de l&#8217;accuser ?</strong> Et si elle m&#8217;aidait, au contraire, à reconnaître cette réalité ou à en prendre conscience&nbsp;?</p>
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<p>Je trouve intéressante la manière dont les choses sont posées. L&#8217;idée étant de permettre à tout·e un·e chacun·e de mieux se connaitre, et de prendre conscience de nos fonctionnements construits pour pouvoir les&nbsp;dépasser.</p>
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<p><strong>le refus de communiquer à toujours été la cause principale des accusations mensongères car il permet de nourrir toutes sortes de fantasmes négatifs à propos de l&#8217;autre</strong>, surtout dans les domaines symboliquement chargés tels que la sexualité, l&#8217;amour, la communauté, la famille, les ressources matérielles, les identités de groupe, le genre, le pouvoir, le capital social et la violence.
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Refuser catégoriquement d&#8217;adresser la parole à quelqu&#8217;un est un acte de destruction aussi étrange qu&#8217;immature; personne n&#8217;en sort&nbsp;gagnant.</p>
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<p>Souvent, ces blocages partent de rien, d&#8217;un conflit ordinaire ou d&#8217;une simple différence. Ils prennent ensuite de l&#8217;importance pour la personne qui est à l&#8217;initiative du blocage car celle-ci est trop angoissée pour négocier <strong>ou parce que l&#8217;idée de parler à quelqu&#8217;un qu&#8217;elle à précédemment déshumanisé la paralyse</strong>. Et, comme elle refuse également d&#8217;admettre l&#8217;existence de ces projections, toute négociation devient impossible. Elle est incapable d&#8217;avancer, tout comme la personne qui se trouve sous le joug de son refus. Si nous reconnaissons que les relations sont nécessaires à l&#8217;établissement de la paix à l&#8217;échelle des individus comme de la société [&#8230;] alors on devrait pouvoir naturellement dire : « Quelle est la pire chose qui pourrait t&#8217;arriver si tu parles ? » ou « Comment est-ce que je peux vous aider à communiquer ? ». <strong>Malheureusement, la norme (dysfonctionnelle) considère la volonté de réparation comme une agression et la capacité à projeter des fantasmes négatifs comme un&nbsp;droit.</strong></p>
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<p>— page&nbsp;40</p>
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<p>D&#8217;où l&#8217;importance de réussir à faire la différence entre un ressenti et un fantasme. J&#8217;apprécie ce que « projeter des fantasmes négatifs » apporte comme compréhension. Dans ces cas là, peut-être qu&#8217;on parle a nos peurs plutôt qu&#8217;a notre interlocuteur·ice.&nbsp;😮💨</p>
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<p>Aujourd&#8217;hui, le caractère réducteur des slogans publicitaires est également appliqué à des domaines très sérieux tels que les droits humains ou la sécurité. Ces messages ne sont plus seulement destinés à vendre du liquide vaisselle, mais par exemple à aider les femmes à se protéger contre la violence masculine. Cependant, leur manque de subtilité peut également contribuer à renforcer le déni sur ces questions. <strong>Le désaccord est un terrain complexe dont nous devons pourtant embrasser les nuances si nous voulons agir de manière constructive, avec honnêteté et&nbsp;sincérité.</strong></p>
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<p>Nous avons tous·tes eu affaire, à un moment ou à un autre, à la figure du patriarche, du mâle dominant, du nationaliste, du raciste, ou simplement du petit notable de province qui ne tolère aucune opposition, n&#8217;a jamais tort, ne s&#8217;excuse jamais et pique des colères dès qu&#8217;il se trouve confronté à des expériences qui diffèrent des&nbsp;siennes. </p>
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<p>Il dénigre les autres mais ne supporte aucune critique le concernant. Il peut user de sarcasme et de cruauté pour détruire les autres mais sa compréhension des émotions est pour le moins superficielle. Il ne laisse pas les gens lui donner leur version des faits. Il ne cherche pas à résoudre les problèmes car cela reviendrait à admettre qu&#8217;il a fait une erreur, ce qui est impossible. [&#8230;] Il n&#8217;admet pas la complexité et les personnes qui l&#8217;entourent ne le contredisent&nbsp;pas. </p>
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<p>Sa partenaire , ses ami·es, les personnes qui ont l&#8217;impression d&#8217;être protégées ou valorisées par lui, ou qui bénéficient de son pouvoir, font en sorte que les autres ne s&#8217;opposent pas à lui. Elles détournent les critiques qui lui sont adressées. Elles sont prudentes quand il se trouve dans les parages, et se voient récompensées pour cela. Il ne demande jamais aux autres : « Qu&#8217;est-ce que tu ressens ? », ne dit jamais « Je ne comprends pas ce qui se passe. Comment voit tu les choses ? » Il se comporte comme si les autres devaient être à ses ordres, et lorsque ce n&#8217;est pas le cas, il les punit, les intimide, les exclut, les accuse à tort, organise des exclusions de groupe, produit des récits alternatifs ; il est capable d&#8217;user de la menace, d&#8217;en appeler à la loi, voire même de recourir à la&nbsp;violence.</p>
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<p><strong>Il attend des autres personnes qu&#8217;elles obéissent une fois qu&#8217;il a affirmé sa position, qu&#8217;elles y adhèrent. Et c&#8217;est ainsi que le problème est résolu : à travers&nbsp;l&#8217;obéissance.</strong></p>
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<p>– page&nbsp;142</p>
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<p>Je me demande comment réussir à dépasser ça. L&#8217;obéissance n&#8217;étant bien sur pas souhaitable. Quand on se retrouve dans des situations de « fin de non recevoir », peut être qu&#8217;il n&#8217;est alors pas possible de sortir du&nbsp;conflit. </p>
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<h2 id="la-culpabilite-et-la-honte">La culpabilité et la&nbsp;honte</h2>
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<p>La question de la honte me semble importante dans le processus d&#8217;escalade. Pourquoi, face à une situation donnée, certaines personnes recherchent-elles la réconciliation et la paix quand d&#8217;autres ressentent le besoin d&#8217;exclure et de détruire pour se sentir victorieuses&nbsp;?</p>
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<p>[Deux études de psychologie, à 16 ans d&#8217;écart] aboutissent à la même conclusion : <strong>la manière dont les gens appréhendent un conflit dépend de ce qui l&#8217;a causé — la culpabilité ou la honte</strong>.</p>
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<p>Ainsi, lorsque la culpabilité se trouve à l&#8217;origine du conflit, les personnes cherchent à discuter, sont capables de s&#8217;excuser, d&#8217;admettre leurs erreurs et de faire des concessions; elles s&#8217;investissent dans la recherche d&#8217;un issue&nbsp;positive. </p>
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<p><strong>En revanche, lorsque la honte se trouve être à l&#8217;origine du conflit, les personnes, pleines de colère et d&#8217;agressivité envers la partie adverse, rejettent la faute sur elle</strong>. Cette différence s&#8217;explique par le fait que les personnes qui ressentent de la culpabilité sont moins sujettes au stress émotionnel et à l&#8217;angoisse que celles qui éprouvent de la&nbsp;honte.</p>
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<p>Elles sont donc plus à même de faire attention aux conséquences de leurs actes. Ces études ont aussi montré que les personnes qui éprouvaient de la honte se sentaient d&#8217;avantage menacées et que le regard des autres importait énormément pour&nbsp;elles.</p>
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<p>– page&nbsp;147</p>
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<p>Je ne connaissais pas cette distinction entre d&#8217;un côté la honte et de l&#8217;autre la culpabilité, et de ce que ça montre des différents <em>styles</em> qui peuvent être adoptés lorsque le stress s&#8217;en mêle. Je me demande quand même si l&#8217;explication n&#8217;est pas un peu simpliste (même si elle m&#8217;arrange bien&nbsp;🫢).</p>
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<h2 id="elements-declancheurs">Elements&nbsp;déclancheurs</h2>
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<p>les situations vécues comme des éléments déclencheur sont des formes de réaction qui s&#8217;avère déterminantes dans l&#8217;amalgame entre un conflit et une agression. De manière générale dans la vie, nous sommes amenés à réagir en permanence. Nous ne nous rendons pas compte de la plupart de nos réactions car elles sont proportionnelles aux stimuli qui les ont provoqués. <strong>Une réaction disproportionnée se démarque parce qu&#8217;elle est démesurée au regard de ce qui est réellement en train de se passer</strong>.</p>
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<p>Quand quelque chose nous affecte de manière disproportionné, c&#8217;est une souffrance passée, non résolue, s&#8217;exprime dans le présent. <strong>Le présent n&#8217;est pas considéré pour ce qu&#8217;il est ; l&#8217;expérience réelle du présent n&#8217;est pas acceptée</strong>.</p>
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<p>Bien qu&#8217;une telle réaction, puisse faire sens selon la logique de l&#8217;individu, qui se sent menacé, elle peut avoir des effets délétères sur les personnes de son entourage <strong>qui, sans être responsables de la souffrance exprimée, se retrouvent néanmoins punies</strong>. Ces dernières évoluent dans le présent, mais elles sont rendues responsable d&#8217;évènements passés qu&#8217;elles n&#8217;ont pas causé et ne peuvent résoudre. Celui ou celle qui est accusé à tort, est aussi une personne à part entière, et cette charge peut blesser. La personne qui se sent menacée souffre, mais elle fait aussi souvent souffrir les autres. Il existe un narcissisme de la domination, mais il existe aussi, lorsqu&#8217;une personne ne voit pas que les autres sont affectés, un narcissisme du traumatisme. Aussi, même si la souffrance énorme d&#8217;une personne peut la rendre narcissique et autocentrée, toutes les parties en jeu sont d&#8217;importance égale. <strong>Et il revient aux communautés qui l&#8217;entourent d&#8217;insister sur ce&nbsp;point.</strong></p>
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<p>— page&nbsp;166</p>
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<p>Il est intéressant de noter que les réactions disproportionnée vont souvent de pair avec l&#8217;exclusion de l&#8217;autre. Plutôt que de parler ouvertement, d&#8217;échanger, des idées ou des sentiments, de manière raisonnée et réflexive, la personne qui se sent menacée évince l&#8217;autre, se cache tout en&nbsp;attaquant.</p>
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<p><strong>L&#8217;exclusion, qui s&#8217;apparente à une forme active de harcèlement, n&#8217;est jamais d&#8217;une grande utilité pour résoudre les problèmes</strong> ; dans la plupart des cas, cet acte mesquin permet d&#8217;éviter tout ajustement de soi, pourtant nécessaire si l&#8217;on souhaite assumer ses responsabilités. <strong>Si rien, dans la fuite n&#8217;est orienté vers la résolution du conflit, alors il s&#8217;agit uniquement d&#8217;imposer une domination et une punition</strong>, or, nous le savons bien, la punition produit rarement autre chose que de la souffrance&nbsp;supplémentaire.</p>
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<p>— page&nbsp;167</p>
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<p>Ah, la&nbsp;la.</p>
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<p>Il y a toute un chapitre ou l&#8217;autrice parle de différentes approches (psychologie, psychiatrie moderne et pop psychologie) qui convergent vers les mêmes conclusions concernant la définition d&#8217;une réaction et ses conséquences. (j&#8217;ai formaté le texte pour le rendre plus&nbsp;lisible)</p>
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<p>Ces quatre catégories d&#8217;analyse [&#8230;] s&#8217;accordent sur deux conclusions, la réaction déclencheuse qui&nbsp;:</p>
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<p>a) ne laisse pas le choix
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b) ne laisse pas la place à la prise en compte de la succession des évènements, des causes et justifications, des contextes et des résultats
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c) nie toute responsabilité dans les conséquences que l&#8217;acte acte peut avoir sur les autres et dans sa participation à l&#8217;escalade du conflit et
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d) fait l&#8217;impasse sur&nbsp;l&#8217;autocritique</p>
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<p>est:
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- à l&#8217;origine de violence sociale et personnelle, et
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- cause grande&nbsp;souffrance.</p>
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<p><strong>Comme cela était démontré le déferlement de violence qui surgit avec la surréaction ne fait qu&#8217;aggraver le problème. Tous ces systèmes recommandent la même stratégie : prendre son temps,&nbsp;temporiser.</strong></p>
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<p>Et, afin de prendre ce temps nécessaire au changement, <strong>ces mouvements partagent l&#8217;idée qu&#8217;il est nécessaire d&#8217;être entouré par une communauté</strong> : une relation, un cercle amical, une famille, une identité de groupe, une nation ou des gens qui encouragent la réflexivité et cherchent des alternatives à l&#8217;accusation, à la punition et à l&#8217;agression. <strong>Nous avons besoin d&#8217;appartenir à des groupes qui acceptent de se trouver dans l&#8217;inconfort et de prendre le temps d&#8217;aborder l&#8217;ordre des évènements, de prendre toutes les parties en considération, et de faciliter la&nbsp;réparation.</strong></p>
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<p>— page&nbsp;189</p>
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<p>En guise de conclusion&nbsp;:</p>
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<p>D&#8217;une certaine manière, on pourrait résumer la chose par « se sentir mieux » versus « aller mieux ». Refouler des informations (sur nous-mêmes, sur nos amis), créer des bouc-émissaires de sorte à nous détourner de nos problèmes, exclure afin d&#8217;unifier un collectif et de créer une identité de groupe : <strong>tous ces mécanismes aident les gens à se sentir mieux, parce qu&#8217;ils leur permet de se sentir supérieurs</strong>. Or la seule manière d&#8217;aller véritablement mieux et de nous confronter aux autres, de les regarder en face, de&nbsp;communiquer.</p>
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<p>Si nous appartenons à des groupes qui ne sont pas capables d&#8217;autocritique, et qui sanctionnent en conséquence la différence, nous nous joindrons à l&#8217;effort collectif qui revient à fuir, exclure et mépriser. <strong>Mais si nous nous trouvons dans des groupes qui promeuvent l&#8217;acceptation, qui font en sorte de créer des conditions de communication, et qui reconnaissent que les gens sont porteurs de contradiction, nous serons capables de composer avec la nature réelle du conflit</strong> : son caractère collectif, d&#8217;une part, et, d&#8217;autre part, le fait qu&#8217;il ne peut pas se régler en faisant usage de cruauté, en faisant courir des rumeurs, en promulguant des lois, où on emprisonna des gens, en envahissant et en occupant leur&nbsp;territoire.</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="conflit"></category><category term="agression"></category><category term="facilitation"></category></entry><entry><title>L’art de conter nos expériences collectives</title><link href="https://blog.notmyidea.org/lart-de-conter-nos-experiences-collectives.html" rel="alternate"></link><published>2024-02-01T00:00:00+01:00</published><updated>2024-02-01T00:00:00+01:00</updated><author><name>Benjamin Roux</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2024-02-01:/lart-de-conter-nos-experiences-collectives.html</id><summary type="html"><p>J&#8217;ai lu le livre en une petite soirée, l&#8217;écriture étant assez simple et le sujet passionnant. L&#8217;auteur analyse à quoi les « traces » laissées par des collectifs peuvent servir, pour qui et de quelle manière. J&#8217;étais content d&#8217;y voir quelques liens avec [[Micropolitique des groupes]], et …</p></summary><content type="html"><p>J&#8217;ai lu le livre en une petite soirée, l&#8217;écriture étant assez simple et le sujet passionnant. L&#8217;auteur analyse à quoi les « traces » laissées par des collectifs peuvent servir, pour qui et de quelle manière. J&#8217;étais content d&#8217;y voir quelques liens avec [[Micropolitique des groupes]], et ça m&#8217;ouvre les yeux sur le travail de recherche de <a href="https://pnls.fr/">Pascal Nicolas Le-Strat</a>.</p>
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<p>Quelques morceaux&nbsp;choisis:</p>
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<p>Se raconter sa propre histoire, c&#8217;est prendre le temps de regarder le chemin parcouru. […] Après avoir agi pendant plusieurs années, les personnes ressentent le besoin de faire un point, un bilan intermédiaire. Regarder ce qui a été fait, parcouru, questionné pour mieux continuer&nbsp;ensemble.</p>
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<p>— page&nbsp;63</p>
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<p>Ce besoin de venir (re)questionner la manière de faire ensemble est nécessaire à ces collectifs. Ce n&#8217;est pas dans l&#8217;objectif d&#8217;un travail évaluatif des bonnes ou mauvaises pratiques, mais bien dans un désir d&#8217;entretenir la flamme collective. <strong>Ces collectifs ont besoin de se questionner sans cesse sur leurs pratiques. Sur les raisons qui les poussent à faire ensemble. Sans quoi, l&#8217;activité du groupe piétine et ses membres peuvent se dégager du projet commun.</strong> C&#8217;est une manière de redonner de l&#8217;élan et de la motivation au collectif. Ce besoin de se redire: « pourquoi nous sommes-nous mis ensemble et où voulions-nous aller ?&nbsp;»</p>
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<p>— page&nbsp;64</p>
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<p>C&#8217;est notamment ce qu&#8217;avance Pascal Nicolas Le-Strat: « <strong>Le travail du commun implique un processus de capacitation, à savoir une montée collective en capacité.</strong> C&#8217;est donc sur ce plan spécifique qu&#8217;il me semble nécessaire de poser la question de l&#8217;empowerment. Travail du commun et empowerment sont deux processus qui se développent en dépendance réciproque, l&#8217;une se posant nécessairement comme le présupposé de l&#8217;autre, et toujours réciproquement. ».
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<strong>Il va même plus loin en posant la « montée en capacité » comme une nécessité, comme un élément constitutif d&#8217;un collectif</strong>: « le collectif rehausse son agit à la mesure des ressources (matérielles et immatérielles) qu&#8217;il parvient à construire en commun, et en retour ce commun émergeant […] lui ouvre de nouvelles perspectives d&#8217;action et élargit son horizon de pensée&nbsp;»</p>
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<p>— page&nbsp;64</p>
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<p>Ce passage me parle particulièrement: chercher la montée collective en capacité me semble être quelque chose de central dans la vie d&#8217;un collectif. Comment dépasser les clivages, et comment se munir d&#8217;outils pour, justement, dépasser les problèmes quand ils&nbsp;arrivent.</p>
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<p>Le voir ici nommé, voire même mis en prérequis pour un collectif résonne chez moi avec les fois où le collectif ne le permet&nbsp;pas.</p>
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<p>Le récit ainsi raconté devient un appui à la mise en capacité des personnes […]. [Ces récits] deviennent une étape presque constitutive de la vie du groupe. Les pratiques autour de ces livrets poussent même l&#8217;effet encapacitant au niveau de ce qui se crée durant lerur processus de production. Ce qui est raconté à l&#8217;intérieur devient secondaire: « nous on était plutôt à se dire &#8220;on en fait trop&#8221; [de livrets], et les groupes disaient &#8221; ce n&#8217;est pas grave si les gens ne lisent pas le livret, on ne le fait pas nécessairement pour qu&#8217;il soit lu&#8221; ». Le processus de production de livrets de <em>Capacitation Citoyenne</em>, est initié par la démarche d&#8217;une association qui vient à la rencontre de collectifs pour <strong>leur proposer le récit comme outil d&#8217;organisation</strong>. Ce faire moteur est donc effectif lorsque le collectif s&#8217;en saisit et reconnaît le sens qu&#8217;il peut avoir dans la vie et la dynamique du groupe.
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— page&nbsp;83</p>
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<p><strong>Il y aurait donc deux types d&#8217;imaginaires</strong>. Le premier se rattache à la grande Histoire, <strong>un imaginaire « qui divertit — littéralement, te détourne de la voie »</strong> et qui se matérialise notamment à travers les médias, le divertissement et la Culture (unique et avec une majuscule) de masse, tel qu&#8217;Hollywood peut le proposer. <strong>Le second imaginaire, à l&#8217;inverse serait « celui qui subvertit</strong>, c&#8217;est à dire passe sous la voie, incline le sol, le fracture ». Et s&#8217;il est assez aisé de se laisser divertir, d&#8217;être dans l&#8217;inaction, le geste de subversion quant à lui « est devenu difficile, car subvertir c&#8217;est créer » et donc relève de l&#8217;action.
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— page&nbsp;86</p>
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<p>A travers ce processus, <em>Si on s&#8217;alliait ?</em> s trouve entouré et porté par un mythe extérieur encapacitant fait de leur histoire particulière et de celle, plus globale, de l&#8217;organisation communautaire. Ce récit extérieur s&#8217;est construit à partir des moments les plus significatifs et nous avons tendance à nous focaliser sur l&#8217;heureux, le festif, le jouissif, les affects joyeux. De fait, ce mythe fait l&#8217;impasse sur les étapes plus laborieuses par lesquelles le collectif est passé. Les organisateurs et organisatrices se retrouvent ainsi pris au piège entre, d&#8217;une part, leurs difficultés et tensions vécues au quotidien dans leur travail, et d&#8217;autre part, ce que leur renvoient les personnes extérieures qui ne connaissent d&#8217;eux que le côté positif et passionnant de ce qu&#8217;ils font. Cette dissonance entre les objectifs atteintes et visibles et les manières laborieuses d&#8217;y parvenir est donc&nbsp;invisibilisée.</p>
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<p>Il n&#8217;est pas question, ici, de regretter l&#8217;existence de ces expériences au prétexte que des souffrances y sont éprouvées. <strong>Nous touchons là, malgré tout, un des enjeux des expériences collectives: la question du « je » dans le « nous » lorsque l&#8217;engagement est total (travail, engagement militant,&nbsp;passe-temps…).</strong></p>
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<p>Dans le cas de <em>Et si on s&#8217;alliait ?</em><strong> </strong>il est intéressant de remarquer que le mythe, duquel le collectif était prisonnier, se trouve être un récit<strong> de leur expérience qui est raconté hors des frontières de celle-ci. C&#8217;est un récit </strong>construit par des personnes extérieures au collectif à partir des traces que celui-ci donnait à&nbsp;voir.**</p>
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<p>— page&nbsp;103</p>
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<p>Cette question du mythe qui est créé par les collectifs, puis mobilisé, est ce que j&#8217;ai parfois pu nommer un « effet performatif », sans comprendre alors que c&#8217;était en fait autre chose dont il s&#8217;agissait. Le concept de mythe me semble bien mieux correspondre à ce qui se pose parfois: on crée un mythe, puis on lui donne du crédit, quitte même parfois à ce qu&#8217;il se substitue à la réalité elle&nbsp;même.</p>
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<p>Ce mécanisme me semble assez important à avoir dans mon radar. C&#8217;est bien souvent qu&#8217;on croit que les collectifs et les dynamiques sont autres choses que ce qu&#8217;elles sont en réalité, et que le mythe nous empèche d&#8217;y voir&nbsp;clair.</p></content><category term="lectures"></category><category term="collectif"></category><category term="raconter"></category><category term="facilitation"></category></entry><entry><title>Éloge de l’amitié</title><link href="https://blog.notmyidea.org/eloge-de-lamitie.html" rel="alternate"></link><published>2023-09-16T00:00:00+02:00</published><updated>2023-09-16T00:00:00+02:00</updated><author><name>Geoffroy de Lagasnerie</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2023-09-16:/eloge-de-lamitie.html</id><summary type="html"><h2 id="citations">Citations</h2>
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<p>Lorsqu&#8217;elle devient un mode de vie, qu&#8217;elle devient l&#8217;objet d&#8217;une culture spécifique qui occupe le cœur de l&#8217;existence, le lien d&#8217;investissement des intérêts psychiques et non ce qui reste après la famille, le travail, les voisins, etc., <strong>l&#8217;amitié pourrait être interprétée comme …</strong></p></blockquote></summary><content type="html"><h2 id="citations">Citations</h2>
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<p>Lorsqu&#8217;elle devient un mode de vie, qu&#8217;elle devient l&#8217;objet d&#8217;une culture spécifique qui occupe le cœur de l&#8217;existence, le lien d&#8217;investissement des intérêts psychiques et non ce qui reste après la famille, le travail, les voisins, etc., <strong>l&#8217;amitié pourrait être interprétée comme la recherche d&#8217;un dehors</strong>.</p>
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<p>C&#8217;est une pratique dont le but et la finalité sont <strong>la possibilité de sortir des relations instituées pour reconfigurer un autre rapport à soi et aux autres</strong>. </p>
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<p>Faire de l&#8217;amitié une culture, un style de vie demande une éthique et une transformation du sujet. Le sujet doit adopter une certaine orientation dans la vie pour pouvoir être le sujet amical — avec des dispositions, des plis psychiques, un rapport aux autres. La relationalité amicale ne peut pas être quelque chose <em>en plus</em> par rapport aux formes traditionnelles de la vie. Elle est quelque chose d&#8217;autre, car <strong>son déploiement s&#8217;opérera nécessairement au détriment de l&#8217;investissement dans d&#8217;autres modes de vie</strong>.</p>
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<p>Parce qu&#8217;une relation amicale est toujours hantée par la menace de sa disparition et parce que cette disparition peut arriver si vite, elle ne peut durer que si celles et ceux qui l&#8217;éprouvent s&#8217;engagent dans quelque chose de l&#8217;ordre de l&#8217;ascèse : <strong>reconfigurer leur rapport à l&#8217;espace et au temps, afin de placer l&#8217;ami au centre de leur préoccupations et de leur&nbsp;existence.</strong></p>
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<p>A un moment, Didier dit : <strong>« L&#8217;un des principes fondamentaux de l&#8217;amitié c&#8217;est la fidélité, la loyauté. »</strong> Peut-être est-ce parce que Didier à connu trop d&#8217;amis qui se sont révélés capables de le trahir qu&#8217;il a eu besoin [&#8230;] d&#8217;officialiser quelque chose de l&#8217;ordre d&#8217;un serment et de conjurer la peur de la possibilité d&#8217;une déloyauté future. <strong>« Notre relation à trois n&#8217;est possible que si nous faisons le serment de ne jamais nous trahir.&nbsp;»</strong></p>
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<p><strong>Passer Noël,</strong> ou n&#8217;importe quelle autre cérémonie sociale de ce type, <strong>« entre amis »</strong> ou « en famille » <strong>constitue probablement l&#8217;un des critères les plus puissants pour distinguer les existences qui ont placé l&#8217;amitié en leur centre</strong> et celles qui restent déterminées par une forme de familialisme dominant, quand bien même l&#8217;individu qui reproduit ce familialisme en souffrirait.
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Lorsque nous fêtons Noël ensemble, avec Edouard et Didier, sans doute fêtons-nous aussi le fait de le fêter ensemble, comme une sorte de conquête sur la logique ordinaire du monde&nbsp;social.</p>
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<h3 id="le-devenir-parent-comme-norme">Le devenir-parent comme&nbsp;norme</h3>
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<p>On ne peut nier le fait que la vie de chacun se déploie dans un monde au sein duquel le devenir-parent constitue une évidence, quelque chose comme une attente des autres et une image de soi auxquels il faut, si l&#8217;on ne veut pas s&#8217;y plier,&nbsp;résister.</p>
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<p>Cette organisation cyclique de l&#8217;existence, cette assignation dominante de l&#8217;amitié à n&#8217;être qu&#8217;une phase avant l&#8217;entrée dans la vie sérieuse, la vie adulte, montre que nos sociétés sont gouvernées par une économie psychique dans les quelles les inventions relationnelles créatrices, c&#8217;est à dire autonomes par rapport aux autres cadres de la vie, même lorsqu&#8217;elles atteignent leur intensité la plus grande, ont en fait toujours tendance à être vécues et éprouvées comme passagères, comme vouées à la disparition — <strong>comme si, au fond, un ami était toujours quelqu&#8217;un d&#8217;abandonnable, de sacrifiable — parce que, à un moment donné, il faudra entrer dans la « vraie vie », la vie conjugale et&nbsp;familiale.</strong></p>
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<p>Si, lorsqu&#8217;elle devient un mode de vie et une culture autonome, l&#8217;amitié détient une signification oppositionnelle qui permet d&#8217;accéder à d&#8217;autres formes de plaisirs, de saveurs et produit l&#8217;émergence d&#8217;un « soi » différent de celui qui aurait émergé au sein de la socialisation familiale, c&#8217;est d&#8217;abord parce qu&#8217;elle fonctionne comme une puissance de décalage par rapport à l&#8217;univers domestique. <strong>L&#8217;amitié change le rapport au monde et la façon de se penser parce qu&#8217;elle engage un décentrement physique de l&#8217;existence par rapport au foyer et au privé</strong> — par rapport à ce que le langage nomme si bien <em>la cellule familiale</em>.</p>
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<h3 id="chercher-des-relations-desinteressees">Chercher des relations désintéressées&nbsp;?</h3>
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<p>Passage peut-être un peu long, mais qui pour moi est un des apprentissages les plus importants de ce livre&nbsp;:</p>
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<p>Nous avons appelé cette expérience « le troisième œil » : lorsque nous prenons des verres ou avons des rendez-vous, lorsque nous dînons après des conférences avec les organisateurs, il arrive que, tout à coup, nous sortions mentalement de l&#8217;interaction et que nous nous mettions à nous voir évoluer à l&#8217;intérieur de celle-ci comme si nous la regardions de l&#8217;extérieur. Comme si nous étions dotés d&#8217;un troisième œil à travers lequel nous nous voyons nous-mêmes interagir. <strong>Cette extériorisation conduit à rendre étrange la relation ou en tout cas à rendre le moment distant, parfois éprouvant, car tout ce qui devrait être accompli sur le mode du ça-va-de-soi, devient médiatisé, appréhendé comme un rôle, une comédie&nbsp;sociale.</strong></p>
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<p>Dans la plupart des textes sur l&#8217;amitié on trouve très largement l&#8217;idée selon laquelle l&#8217;amitié est d&#8217;autant plus pure qu&#8217;elle se rapproche de la sociabilité telle que Simmel la décrit : une relation amicale atteindrait sa plus grande noblesse quand elle parviendrait à être fondée sur une sorte d&#8217;accord éthique entre les êtres, et qu&#8217;elle s&#8217;opposerait en ce sens aux relations instrumentales que nous nouons au cours de nos vies qui, elles, seraient animées par une logique de l&#8217;intérêt et de la&nbsp;complémentarité.</p>
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<p>Aimer l&#8217;ami, ce serait l&#8217;aimer en tant que tel, pour lui-même, indépendamment de ce que cette relation pourrait apporter, de ce que nous pourrions tirer de cette relation.&nbsp;[&#8230;]</p>
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<p>[&#8230;] Une amitié ne peut remplir une fonction créatrice qu&#8217;à condition d&#8217;inventer sa propre raison d&#8217;être et donc d&#8217;emporter avec elle et au-delà d&#8217;elle-même des enjeux politiques, affectifs, créatifs pour celles et ceux qui la vivent. <strong>Une relation amicale ne peut se construire comme relation autonome que si les amis s&#8217;apportent mutuellement quelque chose, s&#8217;augment au contact de l&#8217;autre</strong> au sens de Spinoza, s&#8217;ils retirent de la relation quelque chose qu&#8217;ils ne trouveraient pas ailleurs — et donc s&#8217;ils y sont&nbsp;intéressés.</p>
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<p>Autrement dit, il y a une opposition entre le type de relationnalité que fait fonctionner l&#8217;amitié qui entend être créatrice et ce que Simmel appelle la sociabilité. [&#8230;]
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Les relations dont le déploiement se fonde sur la suspension d&#8217;un contenu explicite servent en fait à reconduire des liens déjà constitués et soutenus par le monde social. Ces relations ne sont pas productrices de leur propre nécessité. Elles ne font que redoubler, dans l&#8217;ordre interpersonnel, ce qui est institué dans l&#8217;ordre structural des appartenances (familiales, locales, etc.) ou des fonctions (professionnelles) en sorte que la relation n&#8217;a rien à apporter ni à créer puisque tout est déjà là, donné, imposé… [&#8230;] La sociabilité constitue un type de rapport à l&#8217;autre qui entretient des relations préalablement établies (le déjeuner de famille, le dîner mondain, la soirée d&#8217;entreprise). <strong>De ce point de vue, la sociabilité est structurellement fonctionnelle et conservatrice. Elle consolide l&#8217;ordre institué des proximités et des distances, des identités et des rôles, des échanges et des intérêts. Aimer la sociabilité c&#8217;est aimer le monde social et ce qu&#8217;il a fait de&nbsp;nous.</strong></p>
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<p>Et on y arrive, donc&nbsp;:</p>
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<p>À l&#8217;inverse, une relationnalité qui s&#8217;établit contre et en dehors des cadres institués de l&#8217;existence, des routines familiales et professionnelles et de tout ce qui nous est imposé doit nécessairement se développer à travers un geste d&#8217;écart avec l&#8217;idée de sociabilité, avec la pratique de la socialité comme art qui n&#8217;a d&#8217;autres finalités qu&#8217;elle-même.
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[&#8230;] Mais ressentant moi-même exactement ce type d&#8217;affect quand je me rends parfois [&#8230;] à certaines cérémonies familiales (la conversation inutile centrée sur les enfants et leur éducation puis sur l&#8217;actualité professionnelle des uns et des autres et enfin sur quelques faits d&#8217;actualité), <strong>je me demande si le caractère partagé et semblable de ces difficultés ne témoigne pas du fait que l&#8217;entrée dans une vie marquée par la relationnalité amicale rend presque impossible la soumission à la sociabilité</strong>, et notamment sa forme extrême qu&#8217;est la sociabilité de type familial&nbsp;[&#8230;].</p>
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<p>Contrairement à Cicéron qui affirmait que l&#8217;on ne peut pas perdre un ami car, si on le perd, c&#8217;est qu&#8217;il ne s&#8217;agissait pas d&#8217;un ami véritable puisque l&#8217;amitié était alors contingente, dépendante des circonstances et donc selon lui fictive, on pourrait avancer que l&#8217;idée de perte est consubstantielle à l&#8217;idée d&#8217;amitié véritable. Les seules relations que l&#8217;on ne perd pas sont les relations qui nous sont imposées par le monde social. <strong>Être fidèle à l&#8217;amitié comme pratique sociale et définition de soi c&#8217;est donc aussi souvent savoir abandonner certaines relations qui ont pu être importantes à certain moments de sa vie, les laisser derrière soi quand elles ne produisent plus les effets de décalage d&#8217;être pour en trouver d&#8217;autres, nouvelles, qui remplirons à leur tour cette&nbsp;fonction.</strong></p>
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</blockquote>
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<p>Pour moi deux points à retenir&nbsp;:</p>
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<li>La sociabilité (au sens de Simmel) peut être en fait vue comme quelque chose qui n&#8217;est pas une amitié véritable, c&#8217;est une expérience qui favorise le « troisième œil » dont il est question plus haut&nbsp;;</li>
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<li>L&#8217;amitié peut aussi être vue comme fonctionnelle, comme quelque chose qui cherche à s&#8217;augmenter les uns les autres, voire même ce serait son objet principal (pour aller vers ce que de Lagasnerie appelle l&#8217;amitié&nbsp;créatrice)</li>
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</ol>
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<h3 id="devenir-auteur">Devenir&nbsp;auteur</h3>
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<p>Toute une économie de l&#8217;image qui entour les auteurs et que ceux-ci se plaisent à faire fonctionner vise à donner une impression d&#8217;éloignement, d&#8217;inaccessibilité qui décourage un grand nombre d&#8217;individus de la pratique de&nbsp;l&#8217;écriture. </p>
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<p>Très souvent, la résolution psychique de cette difficulté conduit celui ou celle qui aspire à écrire à se mettre à l&#8217;abri d&#8217;un auteur passé, d&#8217;un paradigme ou d&#8217;une discipline ,à se glisser dans des dispositifs d&#8217;écriture déjà institués, à se revendique d&#8217;une école… <strong>Comme si la condition pour devenir un auteur consistait paradoxalement à se dissoudre comme&nbsp;auteur.</strong></p>
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<h3 id="la-solitude-de-lheresiarque">La solitude de&nbsp;l&#8217;hérésiarque</h3>
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<p>Bourdieu soulève le problème de ce qu&#8217;il appelle la « solitude de l&#8217;hérésiarque ». Lorsque quelqu&#8217;un décide de rompre ou est de fait conduit à rompre avec les attentes du champ dans lequel il est inscrit, il doit <em>a priori</em> accepter, pour un temps du moins, de se retrouver seul et isolé. Il défie les lois de la reconnaissance et de la sociabilité telles qu&#8217;elles fonctionnent dans son champ, il il promeut une nouvelle norme de production qui n&#8217;est pas encore acceptée comme telle, et il se retrouve donc, mécaniquement, mis à l&#8217;écart de&nbsp;tout.</p>
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<p>Même si il est insulté, ignoré, rejeté, l&#8217;hérétique doit se persuader qu&#8217;il n&#8217;est pas un article raté, mais un artiste maudit. Il doit se donner le droit de dire à l&#8217;institution, tout en étant isolé et attaqué : c&#8217;est moi qui ai raison, c&#8217;est moi qui vous le&nbsp;dit.</p>
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<p>Un acte hérétique suppose une capacité à défier les lois de la reconnaissance sociale, à se défaire au moins provisoirement de la force de leurs verdicts pour persévérer dans son être malgré l&#8217;absence de signe mondaine&nbsp;d&#8217;élection.</p>
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<p><strong>C&#8217;est la raison pour laquelle une avant-garde est toujours collective. Celui qui veut rompre avec le <em>nomos</em> du champ auquel il appartient va nécessairement, au moins dans un premier temps, se couper de l&#8217;institution et de ses espaces de sociabilité</strong>. Il doit donc trouver du soutien ailleurs, à travers son inscription dans d&#8217;autres cercles. Il doit non seulement créer son œuvre, mais créer aussi son propre espace de&nbsp;soutien.</p>
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<p><span class="caps">GDL</span> conclut derrière en parlant du fait qu&#8217;il faut sans doute chercher à vivre <em>au-delà de la reconnaissance</em>. Plutôt que de voir ces « nouveaux cercles » comme un autre moyen d&#8217;accéder à de la reconnaissance, il faudrait réussir à se détacher de ce besoin de reconnaissance. L&#8217;amitié pourrait alors viser à faire vivre une autre éthique, « fondée sur les notions d&#8217;affirmation et d&#8217;autonomie&nbsp;».</p>
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<h3 id="au-dela-de-la-reconnaissance">Au delà de la&nbsp;reconnaissance</h3>
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<p>Dans la dernière partie&nbsp;:</p>
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<p>Je pense que ce que Bourdieu entend nous montrer, c&#8217;est qu&#8217;<strong>il faut nous débarrasser autant que faire se peut de l&#8217;obsession de la reconnaissance, du fétichisme des titres et des rites officiels</strong> — c&#8217;est à dire de la façon que nous avons de nous subjectiver en fonction du regard d&#8217;autrui, de nous définir nous-mêmes selon les catégorisations et les définitions&nbsp;étatiques.</p>
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<p>Qui dit reconnaissance dit mystification, et aussi relégation. [&#8230;] Tout acte de consécration ou de reconnaissance s&#8217;opère en fonction de normes ou de critères particuliers qui ne manqueront pas d&#8217;exercer des effets de relégation et de produire des misères de position à l&#8217;égard de ceux qui ne sont pas en mesure de les&nbsp;satisfaire.</p>
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<p>En d&#8217;autres termes, tant que l&#8217;on reconnaît aux institutions le pouvoir de nous reconnaître, et que l&#8217;on cherche à trouver en elles des justifications d&#8217;exister, on stabilise un système excluant qui implique une impossibilité de sortir de la malédiction de l&#8217;Être et le Néant, de la vie symbolique des uns qui engendre la mort symbolique des&nbsp;autres.</p>
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<p>Et de conclure&nbsp;: </p>
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<p>L&#8217;amitié porte en elle l&#8217;idée d&#8217;une vie au-delà de la reconnaissance. Elle est le nom d&#8217;une pratique du soi qui prend la forme d&#8217;une politique de l&#8217;affirmation, d&#8217;une morale nietzschéenne de l&#8217;action, de l&#8217;actif, opposée au ressentiment et au réactif que ne peut pas manquer d&#8217;engendrer l&#8217;obsession de la reconnaissance et le fait de se juger soi-même en fonction du jugement des autres, constitué comme jugement&nbsp;dernier.</p>
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<h2 id="notes-durant-le-visionnage-de-la-video">Notes durant le visionnage de la&nbsp;vidéo</h2>
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<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Pi5FwepM2T0">Lien vers la&nbsp;vidéo</a></p>
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<h3 id="idiorythmie">Idiorythmie</h3>
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<p>Idée que l&#8217;on a toustes des rapports différents au&nbsp;temps.</p>
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<p>Exemples :
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- La famille empêche l&#8217;idiorythmie (tout le monde doit avoir le même rythme)
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- Le fait de ne pas aimer le matin est un caprice.
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- Les autistes ont un autre rapport au&nbsp;temps. </p>
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<p>Ressources :
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- Roland Barthes dit que c&#8217;est bien de vivre à des autres&nbsp;rythmes.</p>
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<p>Même les Anarchistes changent leur heure à l&#8217;heure d&#8217;été !
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—&nbsp;Bourdieu</p>
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<h3 id="mettre-lamitie-au-centre-de-nos-vies">Mettre l&#8217;amitié au centre de nos&nbsp;vies</h3>
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<p>L&#8217;idée principale développée est celle que l&#8217;amitié devrait être au centre de nos vies. Il pense que la vie relationnelle est plus riche si elle n&#8217;a « pas de centre&nbsp;».</p>
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<p>L&#8217;amitié comme technique de transformation de soi par l&#8217;autre : pour lui, aimer c&#8217;est aimer la différence. Il considère l&#8217;amour comme transformateur avant tout. Le sentiment d&#8217;amour se cultive dans l&#8217;absence. Il prend l&#8217;exemple de gens qui vivent toujours ensemble, qui partent en vacances ensemble etc, et qui n&#8217;auraient au bout d&#8217;un moment plus rien à se dire parce qu&#8217;iels seraient trop&nbsp;similaires.</p>
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<p>L&#8217;école est un lieu de transformation parce qu&#8217;on est au contact des&nbsp;autres.</p>
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<p>Pour <span class="caps">GDL</span>, le couple est une forme qu&#8217;on doit mettre en question, entre autres à travers l&#8217;idée de l&#8217;installation ensemble (le centre de sa vie devient alors l&#8217;autre). Quand on habite ensemble, on a tendance à voir l&#8217;extérieur comme quelque chose qui menace, incitant à la&nbsp;jalousie.</p>
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<p>La question devient comment amicaliser l&#8217;amour ? L&#8217;idée étant que l&#8217;amitié est plus beau que l&#8217;amour ou la famille. Plus libre, plus&nbsp;démocratique. </p>
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<p>C&#8217;est une forme de vie précarisée, elle n&#8217;est pas cadrée juridiquement, et une guerre est faire à l&#8217;amitié par la&nbsp;société.</p>
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<p>Critique de l&#8217;idée que l&#8217;amitié doit être désintéressée pour être pure. Pour <span class="caps">GDL</span>, on aime quelqu&#8217;un parce qu&#8217;on est intéressé par lui·elle : iel a des connaissances, envies, et iel nous transforme. Les amitiés sont provisoires. C&#8217;est quelqu&#8217;un qui vous apporte quelque chose à un moment&nbsp;donné. </p>
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<p>[!hint] Définition
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L&#8217;intérêt, c&#8217;est ce qui est entre soi et soi (ce qui nous&nbsp;augmente). </p>
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<h3 id="lamitie-comme-espace-de-verite">L&#8217;amitié comme espace de&nbsp;vérité</h3>
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<p>Amitié = loyauté et franchise. Idée que l&#8217;amitié est un lieu de complaisance, alors que l&#8217;honnêteté viendrait de l&#8217;anonymat. Lui pense que l&#8217;amitié et l&#8217;amour sont peut-être des lieux dans lesquels la confiance en l&#8217;autre rend possible une forme de véridiction (dire la vérité sans&nbsp;blesser).</p>
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<p>Fin d&#8217;une amitié dans un cas où il y a franchise : vous ne l&#8217;aimez pas suffisamment, ou il ne vous aime pas suffisamment pour se sentir mis en cause par un jugement&nbsp;honnête. </p>
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<p>Quel est l&#8217;espace dans le monde social ou on peut se situer hors de la concurrence et de la connivence ? On peut leur opposer la confiance, c&#8217;est l&#8217;espace de l&#8217;Amour et de&nbsp;l&#8217;amitié. </p>
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<h3 id="vie-volee-par-le-mariage">Vie volée par le&nbsp;mariage</h3>
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<p>Une grande partie des femmes a l&#8217;impression que leur vie leur a été volée, se sentent prisonnières de la reproduction des exigences du foyer et des taches&nbsp;domestiques. </p>
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<p>Le suicide de Durkeim : le mariage est un facteur aggravant du suicide. Plus elle a d&#8217;enfants plus elle se&nbsp;suicide.</p>
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<h3 id="medias">Médias</h3>
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<p>Difficile d&#8217;être autonome et de porter un autre discours que celui qui est prévu d&#8217;avance dans les&nbsp;médias. </p>
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<h3 id="agisme">Agisme</h3>
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<p>Beaucoup d&#8217;injonctions liées à l&#8217;age. Contrairement à ce qu&#8217;on pense, ce n&#8217;est pas transgressif de faire de la transgression à 20 ans, parce que c&#8217;est un moyen de ne pas être transgressif plus tard (pour la&nbsp;bourgeoisie)</p>
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<p>L&#8217;une des manières de dégrader l&#8217;amitié dans nos sociétés c&#8217;est de la ramener à la jeunesse : dire que c&#8217;est ce qu&#8217;on fait quand on est jeune. Sous-entendu la vie d&#8217;adulte est fondée sur le renoncement de la vie amicale. Il faut abandonner ses amis pour mettre la famille au centre, les enfants&nbsp;etc.</p>
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<p>L&#8217;amitié comme mode de vie doit être&nbsp;inter-générationnel. </p>
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<h3 id="ecriture">Écriture</h3>
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<p>Pour lui c&#8217;est aller chercher le point le plus loin possible dans le discible. A la limite de tomber dans l&#8217;excessif, sans être&nbsp;mou.</p>
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<p>On ne se sens pas légitime à&nbsp;écrire. </p>
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<p>Il faut beaucoup de mémoire pour repousser le&nbsp;passé.</p>
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<h3 id="divers">Divers</h3>
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<p>Derida = la mort de l&#8217;ami. Qu&#8217;est-ce que je deviens quand l&#8217;ami sera&nbsp;mort.</p>
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<p>Nelson Mandela était aussi engagé dans la lutte armée (arrêté avec des bombes dans son&nbsp;coffre)</p>
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<h3 id="livres">Livres</h3>
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<ul>
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<li>Ce qu&#8217;aimer veut dire /&nbsp;Foucault</li>
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</ul></content><category term="lectures"></category><category term="relations"></category><category term="amitié"></category></entry><entry><title>Les ignorances affectives</title><link href="https://blog.notmyidea.org/les-ignorances-affectives.html" rel="alternate"></link><published>2023-06-15T00:00:00+02:00</published><updated>2023-06-15T00:00:00+02:00</updated><author><name>Jérémie Lefranc</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2023-06-15:/les-ignorances-affectives.html</id><summary type="html"><p>Voici quelques morceaux&nbsp;choisis.</p>
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<p>Cela me posait aussi la question des limites, du cadre. Si dans un tel système, dans lequel la mise en commun est la règle, dans lequel en contrepartie les individus s’engagent à ne pas s’exclure les uns-les autres, jusqu’où l’individu peut-il aller …</p></blockquote></summary><content type="html"><p>Voici quelques morceaux&nbsp;choisis.</p>
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<p>Cela me posait aussi la question des limites, du cadre. Si dans un tel système, dans lequel la mise en commun est la règle, dans lequel en contrepartie les individus s’engagent à ne pas s’exclure les uns-les autres, jusqu’où l’individu peut-il aller ? Quand dépasse-t-il les bornes ? Et quelles sont ces bornes ? Qui les définit ? Et qui se charge du rappel à la loi au sens de règle commune&nbsp;?</p>
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<p>Ça fait tout à fait écho à ma situation personnelle : les collectifs lorsqu&#8217;ils sont en création ne se posent pas nécessairement les bonnes questions, entre autre la question des limites de ce qui est acceptable pour&nbsp;chacun·e.</p>
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<p>Collaborer dans ce contexte signifie être capable consciemment de laisser ponctuellement plus de place au désir de l&#8217;autre qu&#8217;au sien&nbsp;propre.</p>
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<p>L&#8217;extrait qui suit illustre cette pratique. Le consensus devient alors « le moment où la discussion est suffisamment avancée pour qu&#8217;il n&#8217;y ait plus personne qui s&#8217;oppose à la décision, ce qui ne veut pas dire que tout le monde est forcément d&#8217;accord avec la décision, mais ce qui veut dire que les personnes qui ne sont pas d&#8217;accord ou faiblement d&#8217;accord avec la décision disent bah, je ne suis pas d&#8217;accord ou je n&#8217;aurais pas fait comme ça mais je veux bien qu&#8217;on fasse comme ça et qu&#8217;on essaye&nbsp;».</p>
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<p>Il me semble qu&#8217;il s&#8217;agit d&#8217;une définition qui porte en elle implicitement un aspect important même s&#8217;il peut sembler une évidence, à savoir le fait que pour qu&#8217;un tel processus aboutisse, chacun des individus en présence et je dis bien chacun, doit accepter parfois de lâcher la décision, autrement dit, chacun doit être capable de savoir s&#8217;abstenir d&#8217;imposer son opinion, y compris et surtout peut-être, lorsqu&#8217;il est convaincu d&#8217;avoir&nbsp;raison.</p>
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<p>Pour qu&#8217;une telle conception fonctionne il me semble qu&#8217;elle doit inclure une forme d&#8217;accord tacite de réciprocité, à tout le moins de&nbsp;non-systémiticité.</p>
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<p><strong>Autrement dit, une vigilance collective à ce que ce ne soit pas toujours le ou les-mêmes qui lâchent la décision&#8230; Et réciproquement, que ce ne soit pas toujours le ou les mêmes qui l&#8217;emportent</strong>. Dire cela revient à tenter de se montrer attentif à la dimension relationnelle afin que la dimension efficacité/production ne prenne pas toute la&nbsp;place.</p>
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<p>J&#8217;ai pu malheureusement rencontrer ces situations dans certaines expériences pro. Pour moi, tout est dit ici : faire ensemble c&#8217;est apprendre à décider ensemble. Mais comment faire ? Comment procéder pour que ce qui est invisible (les jeux de pouvoir) puisse être nommé&nbsp;?</p>
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<p>Ce rôle informel (de leader) se construit à la croisée de besoins du groupe et de peurs de la personne qui&nbsp;l&#8217;assume.</p>
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<p>Ainsi l&#8217;hypothèse est la suivante, le leader répond à la fois à un besoin du groupe, dans ce cas un besoin d&#8217;orientation, et à la fois à ses propres peurs. Et quelles peurs peuvent conduire un individu à courir systématiquement devant les autres, à avoir toujours une idée ou une proposition d&#8217;avance, à souvent en porter davantage que la plupart des autres membres&nbsp;?</p>
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<p>Probablement la peur du contrôle. Peur du contrôle qui viendrait frustrer son besoin d&#8217;autonomie et qui le conduirait <em>in fine</em> à se montrer lui-même&nbsp;contrôlant.</p>
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<p>Ce qui peut le pousser par exemple à effectivement avoir un temps d&#8217;avance sur ses collègues en terme de propositions, afin de ne pas avoir à subir celles des autres membres du groupe. Cela lui évite certes d&#8217;avoir à discuter des propositions des autres (et ainsi il a le sentiment d&#8217;échapper au contrôle), mais qui en conséquence impose tacitement aux autres de discuter essentiellement de ses&nbsp;propositions.</p>
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<p>Ce qui peut aussi, pour les mêmes raisons, le pousser à résister à la mise en place d&#8217;un cadre formel, limitant précisément ses&nbsp;fonctions.</p>
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<p>Ce passage raisonne beaucoup chez moi, j&#8217;aimerai en lire plus sur le&nbsp;sujet.</p></content><category term="lectures"></category><category term="collectif"></category><category term="médiation"></category></entry><entry><title>Micropolitiques des groupes</title><link href="https://blog.notmyidea.org/micropolitiques-des-groupes.html" rel="alternate"></link><published>2023-05-02T00:00:00+02:00</published><updated>2023-05-02T00:00:00+02:00</updated><author><name>David Vercauteren</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2023-05-02:/micropolitiques-des-groupes.html</id><summary type="html"><h2 id="artifices">Artifices</h2>
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<p>Des outils qui permettent à un groupe de sortir d&#8217;un mode de fonctionnement, en faisant évoluer ses&nbsp;pratiques.</p>
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<p><strong>Décider de faire groupe implique d&#8217;en fabriquer la possibilité.</strong> Dans un monde capitaliste, on a tendance à reproduire des choses issues de notre&nbsp;culture.</p>
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<p>Les dangers des artifices&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Le …</li></ul></summary><content type="html"><h2 id="artifices">Artifices</h2>
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<p>Des outils qui permettent à un groupe de sortir d&#8217;un mode de fonctionnement, en faisant évoluer ses&nbsp;pratiques.</p>
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<p><strong>Décider de faire groupe implique d&#8217;en fabriquer la possibilité.</strong> Dans un monde capitaliste, on a tendance à reproduire des choses issues de notre&nbsp;culture.</p>
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<p>Les dangers des artifices&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Le formalisme : tomber amoureux de la forme et ne plus penser aux contenus qu&#8217;elle&nbsp;libère.</li>
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<li>Le moralisme&nbsp;: </li>
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<li>Le méthodisme : considérer que tout est lié à la méthode qu&#8217;on utilise, et qu&#8217;il faut nécessairement une&nbsp;méthode.</li>
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</ul>
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<p>En ce qui concerne les artifices, ceux-ci peuvent prendre la forme d’une prescription langagière (interdiction de ping-pong) ou se fabriquer autour d’objets (une statuette, par exemple, dans le cas des détours). Dans tous les cas ils tentent d’obliger le groupe à faire attention à un aspect de sa vie collective qui, laissé à l’état « naturel », l’empoisonne&nbsp;[</p>
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<h2 id="penser-le-pouvoir-comme-une-relation">Penser le pouvoir comme une&nbsp;relation</h2>
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<p>Le pouvoir peut être considéré comme ce qui permet de faire évoluer le rapport de force : inciter, induire, détourner, rendre facile ou difficile, élargir, limiter, rendre plus ou moins&nbsp;probable.</p>
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<p>On a tendance à remplacer <strong>la relation</strong> (le pouvoir comme rapport entre les personnes) <strong>par l&#8217;identité</strong> (le pouvoir comme étant l&#8217;attribut de&nbsp;quelqu&#8217;un)</p>
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<p>On se focalise alors sur les conséquences des jeux de pouvoir, <strong>en oubliant de venir en questionner les causes, les mécanismes qui produisent les rapports de pouvoir actuels</strong>.</p>
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<p>En cherchant à comprendre comment se créent et se produisent les relations de pouvoir, on peut réussir à déjouer les ressentiments personnels (l&#8217;envie de « couper des têtes ») pour essayer de comprendre les mécaniques à l&#8217;œuvre dans le&nbsp;groupe.</p>
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<p>Les enjeux de pouvoir ne sont pas les phénomènes de violence en eux-mêmes, mais un système qui est en place : on peut questionner l&#8217;ensemble des acteurs du&nbsp;groupe.</p>
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<p>[!hint] Clarifier ses désirs avant de rejoindre un groupe
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Puis les comparer avec la réalité du groupe, avant de le rejoindre, peut permettre d&#8217;éviter les mauvaises&nbsp;surprises.</p>
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<p>[!warning] Garder en tête que
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L&#8217;analyse, l’élaboration, la remise en question des relations de pouvoir, et leur rapport à la liberté est une tâche politique&nbsp;incessante.</p>
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<h2 id="scission">Scission</h2>
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<p>Les scissions se ressemblent souvent&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Psychologisation : personnalisation de la responsabilité de ce qui à pu se passer / enfermement des uns et des autres dans des postures. Fixation de rôles,&nbsp;binarisation.</li>
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<li>Idéologisation : On cherche à voir ce qui est vrai. On cherche à comprendre quelles sont les différences de&nbsp;valeur.</li>
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<li>Des rumeurs : on sollicite nos proches et on fait exister une version des faits qui nous arrange, et de laquelle on a du mal à se défaire par la suite. On prends nos proches en otage. Cela a pour effet d&#8217;alimenter la haine et de former des alliances extra&nbsp;groupales.</li>
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</ul>
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<p>À ce titre, il y a les mécanismes de déplacement de la parole vers des lieux déjà connus : fonction de l’idéologisation où le langage assure la production de camps affirmant détenir la (seule) vérité ; fonction de la psychologisation, par la fixation de rôles, par l’attribution de positions liée à « l’être » et par la binarisation ; fonction du langage, et à travers lui de la rumeur, assurant une circulation de l’information qui a pour seul enjeu de réalimenter la haine et de provoquer sous le même mode des formes d’alliances extra-groupales. Ces mécanismes peuvent illustrer ou annoncer des points vitaux, là où est en train de s’opérer la bascule du groupe, le passage des limites vers le&nbsp;seuil.</p>
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</blockquote>
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<h2 id="parler">Parler</h2>
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<ul>
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<li>Les mots performatifs (« nous fonctionnons en autogestion » par exemple) peuvent inciter à des comportements / à des&nbsp;fonctionnements.</li>
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<li>Cet aspect performatif va potentiellement nous laisser désilusioné si les pratiques ne suivent pas ce qu&#8217;on s&#8217;est&nbsp;imaginé.</li>
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</ul>
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<p>Idée : prendre du recul sur nos mots d&#8217;ordre, pour voir ce qui nous&nbsp;traverse.</p>
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<p>La question se situe donc du côté des capacités d’un groupe à faire fuir sa propre langue majeure et à inventer de nouveaux mots capables de l’entraîner dans un devenir bâtard, étranger en somme à sa propre culture&nbsp;langagière.</p>
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<h2 id="auto-dissolution">Auto&nbsp;dissolution</h2>
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<p>Mais pourquoi faudrait-il qu’il soit mis fin à une expérience pour que se produisent les possibilités de sa transformation ? Pourquoi cette capacité de se transformer ne peut-elle pas se penser dans le processus même qui innerve le projet, c’est-à-dire dans son milieu ? La réponse est peut-être toute simple : <strong>Lourau ne pense pas les groupes à partir de leur milieu, de leurs devenirs possibles, de leurs mutations mais à partir soit d’une vérité qui les fonde, soit d’une finalité à réaliser, deux termes qui écrasent, réduisent et binarisent les processus</strong>. Lorsque l’on diminue ainsi l’espace de respiration des groupes, ceux-ci peuvent difficilement éviter de suffoquer, de se fatiguer et de n’entrevoir qu’une ou deux portes de sortie : la « fuite individuelle » et l’arrêt&nbsp;collectif.</p>
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<p>Prenons maintenant un autre point de vue sur cette idée d’arrêt et situons-le pour commencer dans un type de pratique collective. Ici, l’important se situe dans les processus en cours et dans les manières de les raccorder entre eux. <strong>Une direction existe mais elle est secondaire par rapport aux trajets. Les critères sont liés aux affections de joies ou de tristesses et aux forces actives ou réactives rencontrées à même le chemin. C’est cela qui déterminera les poursuites, les bifurcations et les passages à effectuer.</strong> On n’arrête ni ne commence jamais vraiment, on devient tout le temps autre&nbsp;chose.</p>
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<p>Il reste qu’à « l’arrêt » on l’aura compris, nous préférons le « mouvement » et les « mutations ». Recommencer si le chemin s’épuise, expérimenter de nouveau là où nous avons arrêté : ça sent le renfermé dans le groupe, ça fritte régulièrement, on n’a plus envie de venir, – autant de critères –, alors essayons autrement. <strong>En se disant qu’il n’y a là rien de catastrophique, que l’on peut se tromper, et que se le dire, se l’avouer et le prendre en compte constituent les meilleurs préalables pour vouloir recommencer</strong>, ni au début, ni à la fin, mais au milieu, là où la vie se&nbsp;meut…</p>
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<h2 id="souci-de-soi">Souci de&nbsp;soi</h2>
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<p>Une question insiste dans cet écho. Qu’est-ce qui, dans la constitution de la subjectivité moderne et de la figure du militant qui en découle, rend impensable ou scandaleux ce lien entre politique et spiritualité, entre politique et « technique de soi » ? En quoi cette séparation nous rend vulnérables&nbsp;?</p>
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<p>Un groupe peut acquérir un souci du moindre geste, porter une attention aux rotations, à la fertilisation des cultures pour éviter d’épuiser le sol, au calendrier des plantations et à leurs associations… tout en développant une expérimentation par à-coups, un savoir et une recherche dans ce domaine. <strong>Et en même temps être plus ou moins incapable d’exercer ce même souci à propos de sa pratique collective. Impuissant à penser qu’il existe également une écologie du groupe et que celle-ci requiert des techniques et des savoirs singuliers en vue de soigner, nourrir, cultiver le biotope&nbsp;collectif.</strong></p>
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<p>Ce savoir, que Foucault appelle « spiritualité », postule que la connaissance n’est jamais donnée au sujet de plein droit mais qu’il faut que le sujet se modifie, se transforme, devienne dans une certaine mesure autre que lui-même pour avoir droit à cette connaissance. Et celle-ci ne peut s’acquérir qu’à travers un certain nombre d’exercices, de techniques de&nbsp;soi.</p>
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<h2 id="reunions">Réunions</h2>
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<p><a href="https://micropolitiques.collectifs.net">micropolitiques des groupes - pour une écologie des pratiques&nbsp;collectives</a></p></content><category term="lectures"></category></entry><entry><title>Crucial Conversations</title><link href="https://blog.notmyidea.org/crucial-conversations.html" rel="alternate"></link><published>2023-03-10T00:00:00+01:00</published><updated>2023-03-10T00:00:00+01:00</updated><author><name>Kerry Patterson, Stephen R. Covey, Joseph Grenny, Ron McMillan et Al Switzler</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2023-03-10:/crucial-conversations.html</id><summary type="html"><p><em>Résumé rapide du livre, pour s&#8217;y retrouver</em>.</p>
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<p>Une « conversation cruciale », c&#8217;est une conversation dans laquelle :
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- les opinions divergent
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- Il y a des enjeux forts
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- Les émotions ont une place&nbsp;importante</p>
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<p>L&#8217;idée principale du livre, c&#8217;est que&nbsp;:</p>
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<ol>
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<li>Durant ces conversations, si l&#8217;idée est de faire en …</li></ol></summary><content type="html"><p><em>Résumé rapide du livre, pour s&#8217;y retrouver</em>.</p>
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<p>Une « conversation cruciale », c&#8217;est une conversation dans laquelle :
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- les opinions divergent
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- Il y a des enjeux forts
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- Les émotions ont une place&nbsp;importante</p>
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<p>L&#8217;idée principale du livre, c&#8217;est que&nbsp;:</p>
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<ol>
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<li>Durant ces conversations, si l&#8217;idée est de faire en sorte que tout le monde dise ce qu&#8217;il pense et participe à co-construire les décisions, alors&nbsp;;</li>
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<li>Certaines personnes parfois se mettent soit en retrait (silence) soit monopolisent la conversation et forcent leur avis aux&nbsp;autres.</li>
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<li>Si on détecte ces moments, il est possible de restaurer la conversation, en utilisant différentes&nbsp;techniques.</li>
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</ol>
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<h2 id="comprehension-commune">Compréhension&nbsp;Commune</h2>
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<p>J&#8217;ai du mal à traduire « pool of meaning », mais en gros l&#8217;idée est que lors d&#8217;une conversation, tout le monde participe à générer une compréhension&nbsp;commune.</p>
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<p>La métaphore utilisée peut être celle du « saladier commun » dans lequel tout le monde peut ajouter des éléments pour favoriser cette compréhension&nbsp;commune.</p>
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<h2 id="le-choix-du-fou-dualisme">Le Choix Du Fou&nbsp;(dualisme)</h2>
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<p>Bien souvent, on imagine qu&#8217;on doit faire le choix entre deux options, par exemple « dire la vérité » et « garder un ami », mais il est possible de <strong>refuser ce choix et de faire les deux</strong>.</p>
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<p>Le livre est divisé en trois parties&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Avant d&#8217;ouvrir la&nbsp;bouche</li>
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<li>Comment ouvrir la&nbsp;bouche</li>
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<li>Comment&nbsp;terminer</li>
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</ul>
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<h2 id="partie-1-avant-douvrir-la-bouche">Partie 1 : Avant D&#8217;ouvrir la&nbsp;Bouche</h2>
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<h3 id="choisir-son-sujet">Choisir Son&nbsp;Sujet</h3>
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<p>On a tendance à choisir les mauvais sujets de conversation, on a tendance à se foculaiser sur&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>ce qui est facile (le sujet sur lequel on peut&nbsp;gagner)</li>
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<li>les sujets récents, plutôt que ce qui est vraiment&nbsp;important.</li>
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</ul>
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<p>Pour se rendre compte qu&#8217;on se trompe de discussion&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>vous ressentez de la frustration parce que vous avez l&#8217;impression qu&#8217;on ne parle pas de la bonne chose&nbsp;;</li>
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<li>vous terminez la conversation en étant&nbsp;sceptique</li>
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<li>Vous avez l&#8217;impression d&#8217;avoir déjà eu cette&nbsp;discussion</li>
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</ul>
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<p>Pour trouver le bon sujet, trois étapes&nbsp;:</p>
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<ol>
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<li>
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<p><strong>Dégrouper</strong>, il y a fréquemment trois choses liées&nbsp;:</p>
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<ol>
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<li><strong>Le contenu</strong>, ce qui pose un souci de manière immédiate&nbsp;;</li>
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<li>Le fait qu&#8217;il y ait <strong>un motif qui se répète</strong>&nbsp;;</li>
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<li>L&#8217;impact de ces répétitions sur <strong>la relation</strong>.</li>
|
||
</ol>
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<p>Une fois qu&#8217;on s&#8217;est rendu compte des trois points, il est possible de mieux décider du sujet. A quel niveau est-ce que vous souhaitez avoir la conversation&nbsp;?</p>
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</li>
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<li>
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<p><strong>Choisir</strong> : qu&#8217;est-ce que vous voulez réellement ? Décidez quelle est la priorité et trouvez qu&#8217;est-ce qui vous bloque pour obtenir ce que vous désirez. Choisissez si vous souhaitez parler du contenu, du motif ou de la&nbsp;relation.</p>
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</li>
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<li>
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<p><strong>Simplifier</strong> : Résumez de quoi vous souhaitez discuter. Une phrase simple. Attention : pas « comment » on va dire les choses, mais de quoi on veut&nbsp;parler.</p>
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</li>
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</ol>
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<p><strong>Il faut faire attention à éviter que le sujet dérive vers d&#8217;autres sujets. Si le sujet change, faites le de manière&nbsp;consciente</strong></p>
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<h3 id="volonte-et-bienveillance">Volonté Et&nbsp;Bienveillance</h3>
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<ul>
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<li>La seule personne que vous pouvez contrôler c&#8217;est&nbsp;vous-même</li>
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</ul>
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<p>Concentrez-vous sur **ce que vous voulez réellement&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Quand vous vous retrouvez en train de devenir silencieux ou violent, demandez-vous quelles sont vos motivations&nbsp;?</li>
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<li>Posez-vous la question : « Est-ce que j&#8217;agis de la manière que je souhaite ?&nbsp;»</li>
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<li>Clarifiez ce que vous voulez réellement : pour vous, pour les autres, et pour la&nbsp;relation.</li>
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<li>Demandez-vous ce que vous devriez faire pour aller vers ce que vous souhaitez réellement&nbsp;?</li>
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</ul>
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<p><strong>Refusez le dualisme</strong>&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Alors que vous considérez ce que vous voulez, notez quand vous vous piégez vous-même dans un&nbsp;dualisme.</li>
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<li>Cherchez comment faire l&#8217;un <strong>et</strong>&nbsp;l&#8217;autre.</li>
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<li>Clarifiez ce que vous ne souhaitez pas, ajoutez le à ce que vous voulez et demandez à votre cerveau de chercher des solutions pour retourner sur un dialogue&nbsp;sain.</li>
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</ul>
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<h3 id="decider-de-ses-histoires">Décider De Ses&nbsp;Histoires</h3>
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<p>Les histoires créent des émotions. Les émotions n&#8217;arrivent pas d&#8217;elles-mêmes, et sont liées à des histoires qu&#8217;on se&nbsp;raconte.</p>
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<p>Il peut être utile de séparer les faits des histoires qu&#8217;on se raconte pour pouvoir repenser nos&nbsp;émotions.</p>
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<p>Le schéma peut être le suivant&nbsp;:</p>
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<ol>
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<li>Voir et entendre (les&nbsp;faits)</li>
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<li>Se raconter une&nbsp;histoire</li>
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<li>Ressentir</li>
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<li>Agir</li>
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</ol>
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<h2 id="partie-2-comment-ouvrir-la-bouche">Partie 2 : Comment Ouvrir la&nbsp;Bouche</h2>
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<h3 id="apprendre-a-regarder">Apprendre à&nbsp;Regarder</h3>
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<p>Comment se rendre compte que la sécurité est mise en jeu ? Il faut apprendre à regarder et à capter les signes. Quand une conversation devient stressante, on a tendance à faire les mauvaises choses. Apprenez à regarder&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li>Le contenu <strong>et</strong> les conditions de la&nbsp;discussion.</li>
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<li>Se rendre compte quand les choses deviennent&nbsp;cruciales</li>
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<li>Quand la conversation devient dangereuse pour l&#8217;une ou l&#8217;autre des&nbsp;parties</li>
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<li>Se rendre compte si on est en train de se déplacer vers de la violence ou bien du&nbsp;silence</li>
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<li>On peut découvrir comment reconnaître de son « style » quand on est sous&nbsp;stress.</li>
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</ul>
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<h3 id="securiser-la-conversation">Sécuriser la&nbsp;Conversation</h3>
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<p>Pour sécuriser la conversation, il faut réussir à sortir du contenu de la conversation d&#8217;abord. L&#8217;idée étant de se rendre compte quand les gens deviennent violents ou silencieux, pour renouer le dialogue. Une fois que c&#8217;est fait on peut reprendre la&nbsp;discussion.</p>
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<p>Comprendre ce qui crée un risque pour la sécurité&nbsp;:</p>
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<ul>
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<li><strong>Objectif commun</strong> : Est-ce que les autres pensent que leurs objectifs sont importants pour vous ? Est-ce qu&#8217;ils ont confiance dans mes motivations&nbsp;?</li>
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<li><strong>Respect mutuel</strong> : Est-ce que les autres pensent que vous les respectez&nbsp;?</li>
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</ul>
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<p>Pour commencer la discussion, <strong>partagez vos bonnes intentions</strong> : qu&#8217;est-ce que vous voulez ? Pour vous et pour l&#8217;autre personne&nbsp;?</p>
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<p><strong>Excusez-vous</strong> lorsque c&#8217;est&nbsp;approprié.</p>
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<p><strong>Contrastez</strong> pour régler les incompréhensions : Commencez par ce que vous ne voulez pas dire, puis expliquez ce que vous voulez&nbsp;dire.</p>
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<p>Créez un objectif commun lorsque vous vous rendez compte que les choses sont compliquées&nbsp;:</p>
|
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<ul>
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<li>Dites que votre objectif est de trouver un but&nbsp;commun.</li>
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<li>Reconnaissez les buts derrière les&nbsp;stratégies</li>
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<li>Inventez un but&nbsp;commun</li>
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||
<li>Brainstormez les nouvelles&nbsp;stratégies</li>
|
||
</ul>
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<h3 id="decrire-sa-vision-des-choses">Décrire Sa Vision Des&nbsp;Choses</h3>
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<h3 id="comprendre-les-visions-des-autres">Comprendre Les Visions Des&nbsp;Autres</h3>
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<h3 id="ecouter">Écouter</h3>
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<h2 id="partie-3-comment-terminer">Partie 3 : Comment&nbsp;Terminer</h2>
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<h3 id="passer-a-laction">Passer à&nbsp;L&#8217;action</h3>
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<h3 id="oui-mais">Oui&nbsp;mais…</h3>
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<h3 id="trucs-et-astuces">Trucs Et&nbsp;Astuces</h3></content><category term="lectures"></category></entry><entry><title>Un féminisme décolonial</title><link href="https://blog.notmyidea.org/un-feminisme-decolonial.html" rel="alternate"></link><published>2021-01-01T00:00:00+01:00</published><updated>2021-01-01T00:00:00+01:00</updated><author><name>Françoise Vergès</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2021-01-01:/un-feminisme-decolonial.html</id><summary type="html"><blockquote>
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<p>J&#8217;ai aussi appris très tôt que si l&#8217;État veut écraser un mouvement, il a recours à tous les moyens, à toutes les ressources qui sont à sa disposition d&#8217;une part pour réprimer, d&#8217;autre part pour diviser les opprimé·e·s. D&#8217;une main il frappe, de …</p></blockquote></summary><content type="html"><blockquote>
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<p>J&#8217;ai aussi appris très tôt que si l&#8217;État veut écraser un mouvement, il a recours à tous les moyens, à toutes les ressources qui sont à sa disposition d&#8217;une part pour réprimer, d&#8217;autre part pour diviser les opprimé·e·s. D&#8217;une main il frappe, de l&#8217;autre il cherche à assimiler. <strong>La peur est une de ses armes favorites pour produire conformise et consentement</strong>.</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="sexisme"></category><category term="racisme"></category></entry><entry><title>Au delà de la pénétration</title><link href="https://blog.notmyidea.org/au-dela-de-la-penetration.html" rel="alternate"></link><published>2020-01-01T00:00:00+01:00</published><updated>2020-01-01T00:00:00+01:00</updated><author><name>Martin Page</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2020-01-01:/au-dela-de-la-penetration.html</id><summary type="html"><p>C&#8217;est un tout petit livre de 150 pages, découpé en trois parties : une introduction, un recueil de témoignages et enfin quelques&nbsp;remerciements.</p>
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<p>L&#8217;auteur vient préciser qu&#8217;il existe différentes sexualités, qu&#8217;avant tout une sexualité <em>devrait</em> être une rencontre, une écoute mutuelle, une recherche des plaisirs de&nbsp;chacun …</p></summary><content type="html"><p>C&#8217;est un tout petit livre de 150 pages, découpé en trois parties : une introduction, un recueil de témoignages et enfin quelques&nbsp;remerciements.</p>
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<p>L&#8217;auteur vient préciser qu&#8217;il existe différentes sexualités, qu&#8217;avant tout une sexualité <em>devrait</em> être une rencontre, une écoute mutuelle, une recherche des plaisirs de&nbsp;chacun⋅e.</p>
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<p>La question est: y a t-il des pratiques obligatoires ? Si dans un couple, la pénétration (ou toute autre pratique sexuelle) n&#8217;était pas (ou plus) possible (ou pas ou plus souhaitée) est-ce que &#8220;ce serait vraiment une tragédie&#8221; ? Si ma compagne ne veut plus être pénétrée, si mon compagnon ne bande plus, est-ce forcement la fin du désir et du plaisir ? Ou bien est-ce l&#8217;occasion d&#8217;être créatifs&nbsp;?</p>
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<p>Il précise que parfois (souvent ?) la pénétration n&#8217;est pas une pratique qui procure du plaisir aux femmes, et que, parce que c&#8217;est un tabou, la pratique n&#8217;est pas vraiment remise en&nbsp;question. </p>
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<p>Et parfois, tout simplement, des femmes n&#8217;aiment pas particulièrement ça, elles ne ressentent pas le plaisir incroyable qu&#8217;on leur intime de ressentir lors de cet acte. Elles ne souffrent de rien, pas de blessures, pas de peur, tout simplement ce n&#8217;est pas le truc le plus intéressant pour elles en matière de sexualité. C&#8217;est juste sympa, voire sans&nbsp;intérêt.</p>
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<p>Une amie me racontant que le problème de la pénétration vaginale c&#8217;est qu&#8217;elle impliquait forcément contraception et que cela coûtait aux femmes. Une charge mentale de plus, une responsabilité, un truc auquel&nbsp;penser.</p>
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<p>Sans pénétration, tout le corps est hypersensible et délicieusement hyperactif. Faire l&#8217;amour devrait être la rencontre des corps et leur&nbsp;conversation.</p>
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<p>Finalement, la pénétration est un mode adapté au capitalisme, à nos journées volées par le travail, par les angoisses et la compétition. Comme il y a peu de temps pour penser l&#8217;amour, le pénis dans le vagin est pratique, on tient un certain temps, c&#8217;est calibré, il y a un début et une fin bien précise, on accomplit son devoir sans penser et sans imaginer. La société&nbsp;applaudit.</p>
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<p>Ce passage fait echo pour moi, et à mon rapport au&nbsp;temps.</p>
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<p>Les hommes veulent entrer dans le corps de l&#8217;autre à tout prix, ils s&#8217;en servent comme d&#8217;un objet au service de leur jouissance et souvent le plaisir de leur partenaire est accessoire. Ils disent qu&#8217;ils font l&#8217;amour mais en fait ils se masturbent dans le corps des femmes
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Le patriarcat règne. Souvent la pénétration reproduit la domination de l&#8217;homme sur la femme : l&#8217;homme tient la femme, son sexe est en elle, il décide et&nbsp;dirige.</p>
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<p>J’apprécie que l&#8217;analyse ne soit pas portée sur la question de la sexualité sans évoquer les problématiques féministes, qui en mon sens sont&nbsp;centrales.</p>
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<p>En fait, l&#8217;homme préfère ne pas y penser. Plus exactement: il refuse de se penser comme un être pénétrable. Il est farouchement contre sa propre pénétration. Pourquoi ? Arès tout, si la pénétration peut apporter du plaisir aux femmes, elle peut plus sûrement encore en donner aux hommes. C&#8217;est un fait. L&#8217;anatomie masculine est dotée d&#8217;une prostate [&#8230;]. Cet organe est une zone puissamment érogène et une grande source de plaisir qui peut conduire à la jouissance et à&nbsp;l&#8217;éjaculation. </p>
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<p>Bien sur, le massage prostatique est tabou encore plus grand (que parler de pénétration vaginale), et ce plaisir n&#8217;est pas pratiqué par la grande majorité des&nbsp;hommes.</p>
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<p>Le désir de leur propre pénétration est singulièrement absent chez les hommes hétérosexuels qui paraissent ainsi comme de ridicules et paradoxales victimes de leur domination. [&#8230;] Dans leurs majorité, les hommes hétérosexuels, pourtant aventureux déclarés quand il s&#8217;agit du corps de l&#8217;autre, se révèlent puritains concernant leur propre&nbsp;corps. </p>
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<p>Et, en parlant de l&#8217;utilisation de l&#8217;anus / de la prostate&nbsp;: </p>
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<p>Leur angoisse étant de ne pas être assez homme, de ne pas correspondre au cliché viril. C&#8217;est bien ça l&#8217;enjeu pour certains : ils pénètrent pour ne pas risquer de mettre au jour leur propre désir d&#8217;avoir un doigt ou un gode dans l&#8217;anus, pour ne pas devenir un être pénétrable, c&#8217;est-à-dire, dans leur stupide esprit macho : une femme ou un homosexuel. Donc un dominé, un faible. <strong>Être considéré comme une femme ou un gay reste la grande peur des hétérosexuels</strong>.</p>
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<p>J&#8217;aime bien les « insultes » qui sont utilisées par Martin page : « Punaise de kalenbullar de plutonium », « punaise de tragédie », etc. C&#8217;est mignon et c&#8217;est bien comme ça&nbsp;!</p></content><category term="lectures"></category><category term="sexualité"></category><category term="féminisme"></category></entry><entry><title>La conjuration des égos</title><link href="https://blog.notmyidea.org/la-conjuration-des-egos.html" rel="alternate"></link><published>2020-01-01T00:00:00+01:00</published><updated>2020-01-01T00:00:00+01:00</updated><author><name>Aude Vidal</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2020-01-01:/la-conjuration-des-egos.html</id><summary type="html"><h1 id="le-feminisme-entre-intime-et-politique">Le féminisme, entre intime et&nbsp;politique</h1>
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<p>Privées de paroles, privées d&#8217;espace, les femmes sont aussi d&#8217;une certaine manière privées de leur corps. C&#8217;est ainsi qu&#8217;est décrit le rapport des petites filles à leur corps par des sportives qui notent la faible amplitude d&#8217;un geste, un …</p></blockquote></summary><content type="html"><h1 id="le-feminisme-entre-intime-et-politique">Le féminisme, entre intime et&nbsp;politique</h1>
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<p>Privées de paroles, privées d&#8217;espace, les femmes sont aussi d&#8217;une certaine manière privées de leur corps. C&#8217;est ainsi qu&#8217;est décrit le rapport des petites filles à leur corps par des sportives qui notent la faible amplitude d&#8217;un geste, un bras qui ne va pas chercher loin derrière pour envoyer une&nbsp;balle.</p>
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<p>Les femmes sont les premières à se flageller, lorsqu&#8217;elle ne le sont pas, disponibles : « égoïste », « tu ne pense qu&#8217;à toi ». Conseils familiaux, amicaux et professionnels, émis indifféremment par des individues des deux sexes, castrent les femmes, les culpabilisent, s&#8217;attaquent à leurs exigences pour leur faire rejoindre le niveau&nbsp;acceptable.</p>
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<p>Le recours à la recherche en sciences humaines et sociales est ici vital pour débusquer les inégalités, tant dans le discours commun le moindre contre-exemple (« Oui, mais moi je connais des femmes qui ») démonte toute tentative de&nbsp;généralisation.</p>
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<p>La disproportion entre l&#8217;immensité de la tâche (détruire le patriarcat) et les luttes minuscules (le refus de l&#8217;expression « mademoiselle » par exemple) pour s&#8217;y atteler sans attendre le Grand Soir offre un objet de sarcasmes tout prêt à ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change et à ce que les femmes restent ces petits être serviables et&nbsp;décoratifs.</p>
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<h2 id="penser-ensemble-lemancipation">Penser ensemble&nbsp;l&#8217;émancipation</h2>
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<p>L&#8217;objectif de changer le sort de toutes les femmes semble s&#8217;être perdu en route quand le féminisme n&#8217;est plus décrit par certaines camarades que comme un outil pour être « à l&#8217;aise avec son identité de genre ». Ainsi une oppression ne serait problématique que parce qu&#8217;elle crée du malaise, pas quand elle est si bien intégrée qu&#8217;elle en paraît naturelle. Ce féminisme ne s&#8217;adresse plus à toutes les femmes mais à celles qui sauront s&#8217;en saisir dans leur parcours de vie. Le mouvement qui donnait une importance nouvelle au personnel pour changer le politique laisse apparaître parfois de manière marginale, parfois de manière plus prégnante, une entreprise émancipatrice individuelle ou à la dimension collective réduite, attentive aux parcours et identités des personnes qui&nbsp;l&#8217;investissent.</p>
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<p>Au lieu de lutter de front contre les assignations de genre, de tenter de les neutraliser — au moins le temps de l&#8217;enfance, comme le proposent les féministes pour les écoles suédoises — on va plutôt chercher à les adapter aux besoins individuels et à rendre confortable l&#8217;habitude (finalement plus problématique du tout !) de s&#8217;adresser à chacun⋅e en fonction de son identité de genre, pourvu qu&#8217;elle coïncide avec ses&nbsp;souhaits.</p>
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<p>Mais cette bienveillance qui n&#8217;a pour but qu&#8217;elle même est aussi stérile qu&#8217;un féminisme qui a vocation à permettre à des femmes de se construire des destins singuliers appréciables. Le féminisme nous aide à combattre les inégalités entre hommes et femmes, pas à construire des bulles de confort dans un monde qui va mal et qui fait&nbsp;mal</p>
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<h2 id="un-genre-a-soi">Un genre à&nbsp;soi</h2>
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<p>Parallèlement à ces sommets de sexisme, alors que nous avons plus besoin de féminisme que jamais, dans les milieux radicaux s&#8217;impose l&#8217;idée que la catégorie « femme » est bien étriquée et qu&#8217;abolir le genre passe par la remise en cause des identités genrées au niveau individuel… de même qu&#8217;on sauve la planète du désastre écologique en fermant le robinet quand on se brosse les dents ? Adopter une identité non-binaire ou trans, ce serait refuser l&#8217;assignation à des rôles sociaux stéréotypés et donc les détruire,&nbsp;espère-t-on.</p>
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<p>Explorer les différentes manières de vivre en dehors d&#8217;assignations étriquées est une démarche intéressante… pour soi même. Rappelons que personne n&#8217;échappe à des assignations très binaires qui nous ont formé⋅es et dont il serait présomptueux de dire que nous les avons « déconstruites ». Mais surtout : à quoi bon exercer une grande liberté individuelle si ce n&#8217;est pour rappeler que cette liberté concerne toutes les femmes et n&#8217;est pas réservée à celles qui se définissent comme non-binaires ou trans&nbsp;?</p>
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<p>J&#8217;ai un peu de mal avec ce passage, peut-être parce que je ne le comprends pas tout à fait. Je tente la paraphrase, « C&#8217;est bien de se remettre en question, mais il ne faudrait pas croire qu&#8217;on réussit à s&#8217;extraire de notre construction genrée. Et même si on avait réussi, à quoi cela servirait-il ? », ou alors « C&#8217;est bien de se défaire des constructions genrées, mais ce n&#8217;est pas un objectif en soi&nbsp;».</p>
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<p>Je pense que ce qui me dérange c&#8217;est qu&#8217;on vient « taper » sur les trans ici, et que j&#8217;ai du mal à avoir une vision nuancée sur le sujet : c&#8217;est (plus ou moins) discuté dans la suite du bouquin, mais il ne faudrait pas que ces considérations puissent être utilisées pour venir accuser les personnes trans, alors même que celles-ci vivent déjà une oppression importante : pourquoi on vient les accuser, et de quoi ? Qu&#8217;est ce que cette accusation permet de développer en terme politique ? Quel est l&#8217;objectif, et qu&#8217;est-ce que cela fait vivre comme oppression, me semble aussi un point&nbsp;important.</p>
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<p>Je ne suis pas sur de lire les choses correctement, mais Aude Vidal ici semble mettre un peu trop de côté ces ressentis personnels, parce que — de son point de vue — ils obstruent la prise de recul et l&#8217;analyse sur le sujet : on vient mettre le <em>focus</em> sur les relations interpersonnelles, et celles-ci prennent le pas sur l&#8217;objectif. Comme elle le formule&nbsp;:</p>
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<p>Le féminisme nous aide à combattre les inégalités entre hommes et femmes, pas à construire des bulles de confort dans un monde qui va mal et qui fait&nbsp;mal.</p>
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<p>Le succès grandissant des identités non-binaires peut morceler la classe des femmes jusqu&#8217;à les sommer d’accueillir avec sororité des hommes non-binaires. [&#8230;] Ces espaces sont des lieux d&#8217;<em>empowerment</em> individuel mais surtout collectif, <strong>ce qui requiert une approche en termes de classe qui n&#8217;existe ni dans la revendication d&#8217;une identité non-binaire, ni dans une critique complaisante de la masculinité</strong> en tant que case trop étroite pour permettre l&#8217;épanouissement des personnes qui y sont&nbsp;assignées.</p>
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<p>Ce passage me fait penser aux groupes de paroles auxquels je participe, pour lesquels nous étions en non-mixité hommes à ses débuts, pour s&#8217;ouvrir a une mixité pour éviter les écueils dont il est question ici. J’apprécie de trouver ici le concept de « classe » qui me semble être&nbsp;important.</p>
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<h2 id="autodefinition-ou-sont-les-autres">Autodéfinition : où sont les autres&nbsp;?</h2>
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<p>Mes notes ne sont pas terminées ici, mais clairement c&#8217;est un passage avec lequel je ne suis pas vraiment d&#8217;accord / qui me&nbsp;surprends.</p>
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<p>Le droit français&nbsp;:</p>
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<p>Toute personne majeure ou mineure émancipée qui démontre par une réunion suffisante de faites que la mention relative à son sexe dans les actes de l&#8217;état civil ne correspond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut en obtenir la&nbsp;modification.</p>
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<p>Le texte, qui n&#8217;exige des personnes trans que de s&#8217;être présenté⋅es aux autres comme la femme ou l&#8217;homme qu&#8217;elles savent être, définit le genre comme une expérience sociale. « Le genre est un produit du patriarcat », nous rappelle la féministe Meghan Murphy et « les notions entourant la masculinité et la féminité existent pour naturaliser la domination masculine et la subordination féminine », pas pour être des identités individuelles inventées par chacun⋅e et donnant lieu à des genres pluriels. elle conclut donc&nbsp;:</p>
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<p>Les hommes ne peuvent pas s&#8217;exclure aussi facilement, par simple identification, de la classe des oppresseurs, tout comme les femmes ne peuvent simplement choisir de s&#8217;identifier hors d&#8217;une vulnérabilité à la violence&nbsp;masculine.</p>
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<p>l&#8217;approche des « milieux <span class="caps">LGBT</span> et nouveaux féministes radicaux », qui « tiennent à ce que chacun⋅e ait la liberté de se définir pour échapper à une définition venue de l&#8217;extérieur, un regard social perçu comme&nbsp;oppressant.</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="féminisme"></category></entry><entry><title>L’effondrement, parlons-en…</title><link href="https://blog.notmyidea.org/leffondrement-parlons-en.html" rel="alternate"></link><published>2019-10-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-10-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Jérémie Cravatte</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-10-01:/leffondrement-parlons-en.html</id><summary type="html"><h2 id="la-collapsologie-comme-science">La collapsologie comme&nbsp;science</h2>
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<p>[…] Cela a pour effet de donner l’impression à l’audience qu’elle prend
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connaissance d’une réalité objectivée (et donc méthodologiquement vérifiable)
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plutôt que d’un discours. Cela implique, par exemple, que des raccourcis opérés
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entre plusieurs phénomènes […] tiendraient de la méthode scientifique plutôt que …</p></blockquote></summary><content type="html"><h2 id="la-collapsologie-comme-science">La collapsologie comme&nbsp;science</h2>
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<p>[…] Cela a pour effet de donner l’impression à l’audience qu’elle prend
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connaissance d’une réalité objectivée (et donc méthodologiquement vérifiable)
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plutôt que d’un discours. Cela implique, par exemple, que des raccourcis opérés
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entre plusieurs phénomènes […] tiendraient de la méthode scientifique plutôt que de l’interprétation. Comme le souligne Elisabeth Lagasse , le melting-pot opéré entre sciences naturelles et sciences sociales induit une naturalisation des rapports sociaux qui n’est plus discutée. Assumer qu’il s’agit d’interprétations à mettre en débat serait bien plus utile. En lieu et place de cela, les personnes qui critiquent ces interprétations sont régulièrement accusées d’être dans le « déni&nbsp;».</p>
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<p>Enfin, cette ambiguïté nourrit le sentiment que l’effondrement généralisé est une
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hypothèse, un modèle qui se vérifiera ou non, un événement qui aura lieu ou non.
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On appelle d’ailleurs ces discours « théories de l’effondrement ». Or, la question
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n’est pas là. La situation écologique et sociale n’est pas une&nbsp;hypothèse.</p>
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<h2 id="raccourcis-confusionnisme">Raccourcis /&nbsp;Confusionnisme</h2>
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<p>Les discours collapsos amalgament malheureusement sous ce mot valise d’effondrement des changements irréversibles – qu’on ne peut, en effet, que tenter de limiter et préparer (comme la destruction de la biodiversité et l’emballement climatique) – avec des changements totalement réversibles (comme la montée des fascismes, le transhumanisme ou la financiarisation du&nbsp;monde). </p>
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<p>« Si la finance s’effondre, ça fait des effets de contagion qui font des effondrements économiques. Effondrement financier, c’est quand il n’y a plus rien dans les guichets automatiques, c’est l’Argentine en 2001. Si ça se propage à un effondrement économique par les chaînes d’approvisionnement, ben ça fait plus rien dans les magasins. Et là tu te poses des questions, est-ce qu’on souhaite ça ? Ça peut dégénérer, en chaos social, politique. L’effondrement politique c’est l’<span class="caps">URSS</span> en 1989, t’as un retour des mafias etc. Si on va plus loin, l’effondrement social c’est la Lybie, c’est Mad Max quoi, y’a plus d’État, y’a plus rien. Qu’est-ce qu’on souhaite, qu’est-ce qu’on souhaite pas ? [&#8230;] Le problème c’est que tout est inter-connecté. Tu souhaites l’effondrement du capitalisme ? Mais si il s’effondre, il y aura d’autres choses qui vont s’effondrer parce que tout est lié. » (Pablo&nbsp;Servigne)</p>
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<p>Passage qui montre qu&#8217;il y a une sorte de confusionnisme dans le discours de&nbsp;Servigne.</p>
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<p>La confusion porte sur la notion de « civilisation thermo-industrielle » et sa prétendue fin. Les discours de l’effondrement présentent une série de constats angoissants (à raison) puis expliquent (à tort) que cela correspond à « l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle ». Cette manière de présenter les choses – qui associe une mauvaise et une bonne nouvelle (la fin du monde et la fin de cette « civilisation » destructrice) – provoque, au mieux, une confusion entre les deux, au pire, un désir de trouver un peu de répit pour cette « civilisation » à laquelle le public&nbsp;s’identifie.</p>
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<h2 id="depolitisation">Dépolitisation</h2>
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<p>Faire croire que « tout va s’effondrer » d’un bloc, comme un bâtiment, donner l’impression aux personnes qu’elles n’ont aucune prise sur la situation présente et à venir, c’est alimenter le sentiment d’impuissance, la croyance que nous sommes face à une impasse plutôt que face à une multitude de&nbsp;chemins.</p>
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<p>L’approche fourre-tout de l’effondrement dépolitise la question écologique appelant, dans un élan de prétendue « lucidité », à faire le deuil de choses inévitables et de choses évitables. S’agit-il de faire le deuil des services publics tout en continuant à payer des impôts, d’un climat tempéré, de la majorité des espèces vivantes, de « nos » proches, de la moitié la plus pauvre ou la plus riche de l’humanité en premier lieu, du « confort » d’un système de santé équitable ou à deux vitesses&#8230; ? […] il s’agit un peu confusément de tout cela à la fois, sans&nbsp;précisions.</p>
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<p>Pour reprendre la fameuse métaphore de l’incendie, si les Colibris nous appellent
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à faire notre part individuellement plutôt que le nécessaire collectivement, les récits
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collapsos nous appellent (individuellement et collectivement) à accepter l’incendie et
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à préparer la renaissance qui y ferait suite. Ce qui brûle dans cet incendie (et, surtout,
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dans quel ordre), on n’en parle pas&nbsp;trop.</p>
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<p>Nombre de collapsos parlent de « verrouillages » complexes de la société actuelle
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(sociaux, techniques et politiques) pour justifier leur posture d’acceptation. Cela pour-
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rait signifier, par exemple, que lutter pour exproprier et socialiser les multinationales
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de l’énergie (afin de les démanteler ou de les reconvertir, selon les cas) constituerait
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du « marchandage » (la troisième étape du processus de deuil), c’est-à-dire une forme
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de déni de l’aspect inextricable (verrouillé) de la&nbsp;situation. </p>
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<p>Même lorsqu’on est convaincu·e que les choses sont « verrouillées », il est intellec-
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tuellement malhonnête – en plus d’être irresponsable – d’invisibiliser les interactions,
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conflits, solidarités, résistances existantes (et à venir) qui modifient la situation et les
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manières dont les basculements écologiques sont et seront&nbsp;vécus.</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="écologie"></category><category term="collapsologie"></category></entry><entry><title>Refuser d’être un homme</title><link href="https://blog.notmyidea.org/refuser-detre-un-homme.html" rel="alternate"></link><published>2019-10-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-10-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>John Stolenberg</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-10-01:/refuser-detre-un-homme.html</id><summary type="html"><h2 id="mise-en-situation-historique-et-politique">Mise en situation historique et&nbsp;politique</h2>
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<p>Contrairement à ce que prétendent ses opposants, le féminisme radical n&#8217;a pas jeté la pierre à une classe biologiquement déterminée, « les hommes », mais à un système de valeurs : une éthique de l&#8217;injustice à laquelle on avait conditionné tout l&#8217;érotisme, aussi bien …</p></blockquote></summary><content type="html"><h2 id="mise-en-situation-historique-et-politique">Mise en situation historique et&nbsp;politique</h2>
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<p>Contrairement à ce que prétendent ses opposants, le féminisme radical n&#8217;a pas jeté la pierre à une classe biologiquement déterminée, « les hommes », mais à un système de valeurs : une éthique de l&#8217;injustice à laquelle on avait conditionné tout l&#8217;érotisme, aussi bien celui des femmes que des&nbsp;hommes.</p>
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<p>Personne n&#8217;étant blanc avant d&#8217;arriver en Amérique, Il a fallu des générations, et énormément de coercition, avant que ce pays ne devienne blanc. L&#8217;Amerique est devenue blanche […] par nécessité de nier la présence des Noir⋅es et de justifier leur&nbsp;assujettissement.</p>
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<p>[…] Le projet de différencier des « masculinités » est la plupart du temps une résistance à la critique féministe radicale du masculin en tant que tel. Car [l&#8217;exploration des masculinités] reste en deça du problème de base, faute d&#8217;une entière reconnaissance du mensonge sous-jacent au principe masculin — la domination politique structurelle sans laquelle le masculin n&#8217;a aucun sens social ou subjectif — le paradigme des « masculinités » ne sert, au plan théorique, qu&#8217;à induire en erreur une nouvelle génération de&nbsp;plus.</p>
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<p>Texte qui à été repris de « Race Traitor », 1994, 36-37, et adapté pour parler du sexisme, plutôt que du racisme. Le propos de Stolenberg est ici de dire que beaucoup est à reprendre de ce qui à été fait pour la lutte des&nbsp;Noir⋅es.</p>
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<p><strong>Les règles du <em>boy&#8217;s club</em> ne nécessitent pas que tous ses membres soient des adeptes de la domination masculine, mais simplement qu&#8217;iels se plient aux préjugés des autres</strong>. La nécessité de maintenir la solidarité de classe de sexe impose une conformité étouffante aux hommes sur tout question touchant de près ou de loin au sexe.
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<strong>La façon d&#8217;abolir le principe masculin est de perturber cette conformité</strong>. Si suffisamment de gens qui paraissent masculins dérogent aux règles du masculin, leur existence ne peut être passée sous silence. <strong>S&#8217;il devient impossible pour les tenants des règles du masculin de parler au nom de tous ceux qui paraissent masculins, la classe masculine de sexe cessera d&#8217;exister</strong>. Combien faudra-il être ? Personne ne peut le dire à coup sur. C&#8217;est un peu comme le problème de l&#8217;argent : combien faut-il de fausses monnaies en circulation pour détruire la valeur de la monnaie officielle ? La réponse est bien moins que la majorité, juste assez pour miner la confiance du public dans la version&nbsp;officielle. </p>
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<p>C&#8217;est le postulat même de ce bouquin dont il est question ici : si on refuse d&#8217;être un homme, alors on cesse de faire exister cette scission homme/femme, et pour pouvoir refuser cette classe homme, alors il faut sortir des rangs, perturber cette&nbsp;conformité.</p>
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<h2 id="lethique-du-violeur">L&#8217;éthique du&nbsp;violeur</h2>
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<p>Dans la logique tordue de l&#8217;éthique du violeur, <strong>c&#8217;est la victime qui est coupable au bout du compte</strong>; la victime est responsable, <strong>c&#8217;est elle qui a commis la faute</strong>. […] Les idées reçues liées à cette éthique prolifèrent : les femmes veulent être violées, les femmes méritent d&#8217;être violées, les femmes provoquent le viol […]. Le poids social de ces idées est tel que <strong>beaucoup de victimes de viol</strong> craignent de révéler à quiconque ce qui leur est arrivé, <strong>s&#8217;imaginant en être elles-mêmes la cause</strong>.</p>
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<p>Il me semble que quelque part c&#8217;est un mécanisme de retournement de situation assez classique. Je me demande si ce n&#8217;est pas théorisé par le « Petit guide d&#8217;autodéfense intellectuel »&nbsp;?</p></content><category term="lectures"></category><category term="féminisme"></category><category term="masculinisme"></category></entry><entry><title>Antisexisme ou antiracisme ? Un faux dilemme</title><link href="https://blog.notmyidea.org/antisexisme-ou-antiracisme-un-faux-dilemme.html" rel="alternate"></link><published>2019-09-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-09-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Christine Delphy</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-09-01:/antisexisme-ou-antiracisme-un-faux-dilemme.html</id><summary type="html"><blockquote>
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<p>De toutes façon, la possibilité même de la discussion avec des femmes portant le foulard est exclue expressément car, quelque soit le sens qu&#8217;une femme portant le foulard donne à son acte, ce sens ne doit pas être pris en compte : le foulard est censé avoir une signification « universelle …</p></blockquote></summary><content type="html"><blockquote>
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<p>De toutes façon, la possibilité même de la discussion avec des femmes portant le foulard est exclue expressément car, quelque soit le sens qu&#8217;une femme portant le foulard donne à son acte, ce sens ne doit pas être pris en compte : le foulard est censé avoir une signification « universelle » que seules les féministes occidentales peuvent déceler. Ce sera la position de collectif national des droits des femmes. Comme la commission Stasi, qui refuse par principe d&#8217;auditionner des jeunes filles « voilées ».&nbsp;[p7]</p>
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<p>« C&#8217;est aussi parce que les unes s&#8217;y soumettent (ou y adhèrent) [au port du foulard], que celles qui le refusent sont systématiquement harcelées, traitées de « putes » — ou violées ». Elle ne rejette pas le foulard seulement en tant que symbole de soumission : elle voit les femmes qui le portent comme les complices volontaires des violeurs, puisqu&#8217;elle prétend que sans elles, les violeurs ne sauraient pas exactement qui violer; pense-t-elle qu&#8217;il suffirait de supprimer les foulards pour supprimer le viol ?&nbsp;[p8]</p>
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<p>En somme, le foulard devient aussi le symbole de la violence sexiste. Pas de la violence sexiste en général : mais d&#8217;une violence sexiste propre aux quartiers et banlieues » et aux populations qui y vivent. Le foulard est présenté comme le signe de l&#8217;existence en France d&#8217;une culture « autre », caractérisée par un sexisme également autre que le sexisme « ordinaire » (français) dont certaines […] mettent l&#8217;existence en doute.&nbsp;[p9]</p>
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<p>En dépit de la documentation importante sur le sujet, <strong>l&#8217;excision, qui se pratique dans les régions d&#8217;Afrique chrétiennes, animistes et musulmanes</strong>, mais est inconnue de la majorité des pays musulmans (Maghreb, Moyen-Orient, Arabie, Yémen, Indonésie, Malaise), <strong>est encore couramment attribuée à l&#8217;islam</strong>.&nbsp;[p11]</p>
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<p>On s&#8217;aperçoit aussi que ces campagnes internationales concernent exclusivement les « pays du Sud ». Or, les femmes de Belgique et de Norvège auraient certainement besoin de notre soutien, comme nous avons besoin du leur. Ceci renvoie à un problème majeur dans l&#8217;appréhension du monde, qui n&#8217;est pas le fait des seules féministes, mais qui constitue un piège dans lequel nous tombons avec une régularité remarquable : le sort des femmes en Occident nous paraît incontestablement meilleur que partout ailleurs dans le monde.&nbsp;[p12]</p>
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<p>Le débat à laissé supposer que là où apparaît le foulard, apparaîtront un peu plus tard, de façon nécessaire et inévitable, l&#8217;enfermement des femmes, les mariages forcés, la lapidation, l&#8217;excision, l&#8217;amputation de la main des voleurs, etc. Le foulard des jeunes françaises a donc été dénoncé non pour ce qu&#8217;il est ici et maintenant, mais pour ce qu&#8217;il pourrait&nbsp;annoncer.</p>
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<p>La violence sexiste perpétrée dans les w quartiers et banlieues », par les Arabes et les Noirs qui y vivent, est systématiquement dissociée de la violence sexiste « ordinaire ». La première est mise en exergue comme extraordinaire : tellement plus grave qu&#8217;elle est considérée à part, et jamais comme un cas ou une instance de la violence ordinaire. Cette violence extraordinaire est ensuite dénationalisée 4 le « patriarcat le plus dur de la planète » ne peut venir que d&#8217;ailleurs que de l&#8217;hexagone; elle est africaine, elle est musulmane. Du même coup, ses auteurs, les Arabes et les Noirs, sont présentés comme extérieurs à la société française.&nbsp;[p13]</p>
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<p>On a vu que pour ces féministes « partagées », tout se passe comme si établir que la loi est raciste n&#8217;était pas une raison suffisante pour la refuse. C&#8217;est donc qu&#8217;elles acceptent l&#8217;idée que des lois pourraient être bonnes pour les femmes tout en étant racistes (« raciste peut-être, mais ne pas oublier les femmes »). Mais pourraient-elles accepter cette idée, que des lois visant une population, donc racistes, pourraient être néanmoins anti-sexistes, si elles ne partageaient pas avec les féministes pro-loi une prémisse fondamentale : le sexisme serait pire dans les « quartiers », et justiciable d&#8217;un traitement spécial&nbsp;?</p>
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<p>[L]es buts du féminisme […] sont non seulement de traquer le sexisme partout où il est, mais aussi de <strong>refuser l&#8217;idée patriarcale qu&#8217;il serait miraculeusement absent de certains lieux, de certaines relations, bref, qu&#8217;il est localisé, et qu&#8217;on peut y échapper</strong>.</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="sexisme"></category><category term="voile"></category><category term="racisme"></category></entry><entry><title>Égologie</title><link href="https://blog.notmyidea.org/egologie.html" rel="alternate"></link><published>2019-09-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-09-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Aude Vidal</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-09-01:/egologie.html</id><summary type="html"><blockquote>
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<p>Le relatif dédain pour la politique va de pair avec l&#8217;espoir de voir les expérimentations alter-écolos se diffuser dans la société par la force de leur exemplarité, en étant reprises par d&#8217;autres initiatives « citoyennes » mais aussi en inspirant les politiques publiques […]. Un changement sans conflictualité, qui repose sur …</p></blockquote></summary><content type="html"><blockquote>
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<p>Le relatif dédain pour la politique va de pair avec l&#8217;espoir de voir les expérimentations alter-écolos se diffuser dans la société par la force de leur exemplarité, en étant reprises par d&#8217;autres initiatives « citoyennes » mais aussi en inspirant les politiques publiques […]. Un changement sans conflictualité, qui repose sur la conviction que ces « alternatives » sont désirables par tou⋅te.s. [alternatives,&nbsp;p32]</p>
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<p>La société civile expérimente, teste, invente, à la manière des secteurs les plus dynamiques de l&#8217;économie. Une fois les plâtres essuyés, des entrepreneurs monétisent un modèle déjà rodé. Agir sans attendre pour queles choses bougent, c&#8217;est provoquer des « révolutions » mais joyeuses, « douces », des « vélorutions x ludiques qui actent la disparition des révolutions politiques. De la Commune aux communs, en somme. [alternatives,&nbsp;p33]</p>
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<p>Même si les « alternatives » s&#8217;adressent à tou⋅te⋅s et ont pour objectif de changer le monde, elles peinent à dépasser la sphère individuelle, autour de laquelle elles tentent d&#8217;impulser le changement de l&#8217;ensemble de la société. Pire, les « petits gestes » qui ont été dan sun premier temps proposés aux « éco-citoyen⋅ne⋅s » par les acteurs associatifs, sont devenus, repris par les autorités politiques ou les grandes entreprises, un moteur d&#8217;intertie. Ils témoignent autant d&#8217;une volonté de chacun×e de rassurer à peu de frais ses angoisses écologiques que de celle des institutions qui les promeuvent de faire oublier la toxicité de leurs activités ou leur incapacité à menere des politiques environnementales dignes de ce nom. [petits-gestes,&nbsp;p34]</p>
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<p>« Se changer soi pour changer le monde », cette prescription […] semble au final un leurre, car travailler sur soi-même […] c&#8217;est avant tout accepter une vision du monde où chacun⋅e étant capable d&#8217;aller bien, chacun⋅e est responsable de son sort. [développement-personnel,&nbsp;p42]</p>
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<p>Les pensées de droite sont friandes de responsabilité personnelle, sous-estiment contrainte et rapports de pouvoir, surestiment la marge de manœuvre des personnes (ici des civils dans un pays en guerre, des femmes en régime patriarcal, des personnes surnuméraires dans un contexte de chômage massif et durable). C&#8217;est une manière de justifier un monde d&#8217;inégalités et de violence, où les logiques de solidarités sont abentes. [développement-personnel,&nbsp;p44]</p>
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<p>Ainsi, une écologie aux racines libertaires a pu, loin de ses ambitions de départ, suivre la marche du monde : une libéralisation des rapports sociaux qui entraîne consumérisme et individualisme. C&#8217;est le sort qu&#8217;ont connu d&#8217;autres aspirations issues de la contre-culture des années 60 : la révolution sexuelle ouvre le marché de l&#8217;industrie pornographique, la critique d&#8217;un capitalisme autoritaire entraîne sa métamorphose. [capitalisme, engagement,&nbsp;p51] </p>
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<p>Richard Sennet dans <em>La culture du nouveau capitalisme</em> ou Ève Chiapelle et Luc Boltanski dans <em>Le Nouvel Esprit du capitalisme</em> ont décrit l&#8217;évolution d&#8217;un régime autoritaire en un nouveau, plus libéral, où les hiérarchies et les contraintes, plus diffuses, voire insaisissables, sont d&#8217;autant plus difficiles à combattre. Sans autorité visible à contester, l&#8217;individu ne peut s&#8217;en prendre quà lui même. Son mal-être ou son échec sont les conséquences de ce qui est perçu comme une plus grande liberté, à vrai dire une coercition plus subtile. [capitalisme,&nbsp;p51]</p>
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<p>Les préoccupations politiques sont aussi absentes dans les cours de yoga offerts aux salarié⋅es de grandes entreprises que dans les annonces pour des pratiques de relaxation au magasin bio. [alternatives,&nbsp;p57]</p>
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<p>Il est acquis aujourd&#8217;hui qu&#8217;aucune attitude positive n&#8217;a de bénéfice physiologique pour les patientes, qu&#8217;un mode de vie sain ne peut pas prévenir le cancer du sein et que l&#8217;exposition à un environnement toxique fait l&#8217;essentiel du risque mais les discours normatifs culpabilisent les patientes qui vivent leur cancer autrement qu&#8217;avec une bonne volonté et un enthousiasme débordants. [cancer, positivisme,&nbsp;p61]</p>
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<p>Or, la vie commune est souvent défavorable aux femmes, elles sont plus heureuses seules qu&#8217;en couple. Le couple hétérosexuel permet en revanche aux homes de mieux vivre que s&#8217;ils étaient célibataires, par exemple en mangeant plus sainement. Ils travaillent plus et gagnent plus à mesure qu&#8217;ils s&#8217;installent en couple et ont des enfants, tandis que les femmes réduisent leur temps de travail et leur revenu pour les mêmes raisons. [féminisme,&nbsp;p70]</p>
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<p>Caricaturer le tavail comme une simple source de revenu et vouloir le fair edisparaître, c&#8217;est accepter sa dégradation en bête labeur, dont est coupable son organisation capitaliste. [travail, revenu-de-base,&nbsp;p97]</p>
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<p>Loin d&#8217;être une ambition universelle, le bonheur est une « idée neuve en Europe » à la fin du 18ème siècle. Elle semble aujourd&#8217;hui un but indépassable et pourtant d&#8217;autres sociétés adoptent des valeurs différentes, par exemple la justice ou l&#8217;harmonie avec le monde. [bonheur,&nbsp;p101]</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="écologie"></category><category term="développement-personnel"></category></entry><entry><title>Hommes Anarchistes face au féminisme</title><link href="https://blog.notmyidea.org/hommes-anarchistes-face-au-feminisme.html" rel="alternate"></link><published>2019-09-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-09-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Françis Dupuis-Déri</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-09-01:/hommes-anarchistes-face-au-feminisme.html</id><summary type="html"><blockquote>
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<p>La féministe Catharine A. MacKinnon précise de plus que a violence contre la femme à une valeur érotique dans notre société occidentale et que les femmes en viennent à vouloir être subordonnées dans la sexualité et l&#8217;amour, car elles ont intériorisé cette « valeur ». [violence,&nbsp;érotisme]</p>
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<p>Pour leur part, les …</p></blockquote></summary><content type="html"><blockquote>
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<p>La féministe Catharine A. MacKinnon précise de plus que a violence contre la femme à une valeur érotique dans notre société occidentale et que les femmes en viennent à vouloir être subordonnées dans la sexualité et l&#8217;amour, car elles ont intériorisé cette « valeur ». [violence,&nbsp;érotisme]</p>
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<p>Pour leur part, les hommes, anarchistes ou non, sont socialisés en tant qu&#8217;hommes à considérer les femmes comme des objets sexuels, et à associer la violence et la domination à la sexualité, au désirable [violence,&nbsp;érotisme]</p>
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<p>Par ailleurs, des hommes anarchistes prétendent être « victimes » du système patriarcal, considérant en conséquence que les féministes ne devraient pas cibler les hommes, mais lutter à leur côté. Contre qui ? Voilà qui n&#8217;est pas très clair, puisque cette perspective laisse entendre qu&#8217;il n&#8217;y a personne qui contrôle le système patriarcal, qui se tiendrait comme un nuage au-dessus des hommes et des femmes.&nbsp;[masculinismes]</p>
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<p>Il y a deux classes de sexe qui forment le patriarcat, […] ces deux classes ne sont pas égales et […] sont composées d&#8217;individus de chair et d&#8217;os, qui de par leur assignation à une classe n&#8217;entretiennent pas des rapports égalitaires avec les membres de l&#8217;autre classe. Les hommes anarchistes […] doivent reconnaitre le fait qu&#8217;ils appartiennent à la classe dominante, et que les femmes avec qui ils entrent en relation appartiennent à une classe dominée.&nbsp;[réalisation]</p>
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<p>Une variation sur le thème de la priorité stratégique peut consister à laisser entendre que la mobilisation féministe, surtout en non-mixité, représente non seulement une dissolution des forces anarchistes mais une véritable exclusion des hommes anarchistes qui se rouvent donc disciminés par ces femmes qui ne respectent plus les principes anarchistes universalites d&#8217;égalité et de solidarité. Ce discours, qui me semblait un écho de la rhétorique républicaine classique, à été maintes fois reprise au sujet de la trentaine de féministes réunies en non-mixité dans le campement « Point G » en marche du Village alternatif, anticapitaliste et antiguerre (<span class="caps">VAAAG</span>) […] contre le sommet du G8 à Évian en 2003. [non-mixité,&nbsp;hierarchisation]</p>
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<p>Placé en position de domination face aux femmes de par son appartenance à la classe des hommes, l&#8217;homme anarchiste même bien intentionné aurait tendance à dominer les femmes, car la structure de classes inégalitaire entre les gommes et les femmes favorise chez lui son instinct autoritaire, sa volonté de domination. Christine Delphy explique de plus, au sujet d&#8217;un homme hypothétique — il pourrait être anarchiste — qui voudrait entretenir une relation égalitaire avec un femme, « qu&#8217;il ne peut à lui tout seul supprimer, détruire ce qu&#8217;uil n&#8217;a pas fait », c&#8217;est à dire la structure inégalitaire patriarcale dans le cadre de laquelle ses relations avec les femmes prennent nécessairement place.&nbsp;[réalisation]</p>
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<p>Des féministes comme Christine Delphy et Peggy McIntosh rapellent que dans notre société, les hommes jouissent en général de nombreux avantages face aux femmes, même si ces hommes sont critiques de leurs privilèges et s&#8217;affichent proféministes et anarchistes.&nbsp;[privilèges]</p>
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<p>« Le privé est politique », c&#8217;est à dire (1) que les femmes vivent des relations de pouvoir dans leurs rapports interpersonnels avec les hommes; (2) que ce rapport de pouvoir ne relèvent pas de la psychologie individuelle et des traits de personnalité, mais d&#8217;une strucutre sociale constituée de deux classes de sexe; (3) que c&#8217;est dans le privé que les femmes sont le plus menacées par les hommes (inceste, viol, violence, meurtre). En somme, si les hommes anarchistes entrentn nécessairement en relation avec des femmes (anarchistes ou non) en tant que membre de la classe de sexe dominante, ces dernières sont nécessairement membres de la classe du sexe dominé. Cela aussi encourage chez l&#8217;homme anarchiste son instinct de domination.&nbsp;[privilèges]</p>
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<p>Les hommes anarchistes respecteront les femmes quand elles auront établi un rapport de force qui modifiera les structures inégalitaires. C4est d&#8217;ailleurs ce que des militantes anarchistes et féministes s&#8217;efforcent de réaliser, génération après génération, dans la société et dans le milieu militant, au gré de leurs décéptions, de leurs peines, de leurs blessures et de leurs colères.&nbsp;[rapport-de-force]</p>
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<p>Pour Claire Sydner, le défi est très grand, car il s&#8217;agit « de créer une égalité entre les genres alors que les femmes érotisent les relations inégalitaires et de domination, et jouissent d&#8217;être réifiées, et demandent le droit de servir sexuellement les hommes » [érotisme,&nbsp;réalisation]</p>
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<p>Les anarchistes sont d&#8217;autant moins enclins à s&#8217;ouvrir aux critiques féministes à leur endroit qu&#8217;ils tirent en général un sens de supériorité morale à s&#8217;identifier comme des victimes, des opprimés, ou des alliés des opprimés; les anarchistes sont donc particulièrement réfractaires à l&#8217;idée qu&#8217;ils seraient eux-même des privilégiés et des dominants.&nbsp;[réalisation]</p>
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<p>Les hommes anarchistes devraient se considérer avant tout comme des auxiliaires des femmes et des féministes, et ils devraient aligner leurs actions (ou leur inaction) selon les volontés, les besoins et les désirs des femmes et des féministes.&nbsp;[postures]</p>
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<p><span class="dquo">&#8220;</span>S&#8217;agit-il de constituer des groupes d&#8217;hommes antisexistes, pour discuter de la déconsntruction de nos scripts érotiques ? Malheureusement, de telles expériences dans les années 1970 et 1980 ont débouché sur des expressions anti-féministes; ces groupes luttant au final pour les « droits des gommes » contre les féministes et le « féminazisme ». Une telle évolution (ou régression) n&#8217;est pas surprenante : placer quelques membres &#8216;une classe dominante ensemble, et il y a un risque réel qu&#8217;ils se solidarisent et se confortent les uns les autres dans leurs complaintes au sujet de « leurs » femmes qui contesteraient leurs privilèges et leur domination. Nous devrison plutôt entamer un processus de <em>disempowerment</em> et pour l&#8217;ensemble des hommes.&#8221; [non-mixité,&nbsp;groupes-hommes]</p>
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<p>Mais la théorie anarchiste prévoit que les dominants ne s&#8217;engagnent dans un processus de <em>disempowerment</em> que si les opprimées se mobilisent et luttent pour leur émancipation, et contre les dominants; la théorie anarchiste permet donc de prévoir — paradoxalement — que les hommes anarchistes le lâcherons leur prise sur des femmes que lorsque des femmes auront constitué un rapport de force les forçant justement à lâcher prise, à s&#8217;engager dans un processus de <em>disempowerment</em>. Si des hommes anarchistes trouvent cette conclusion irrecevable et cherchent les failles dans mon raisonnement, je crois que des femmes anarchistes la trouveront simplement banale.&nbsp;[rapport-de-force]</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="féminisme"></category><category term="anarchisme"></category></entry><entry><title>Open space technology</title><link href="https://blog.notmyidea.org/open-space-technology.html" rel="alternate"></link><published>2019-09-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-09-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Harrison Owen</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-09-01:/open-space-technology.html</id><summary type="html"><h2 id="the-invitation">The&nbsp;invitation</h2>
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<p><strong>A natural temptation […] is to try to explain everything that will happen during the event, including how and why it will work</strong>. After all, we are used to sending out a full agenda in advance with a complete rationalization. Open Space makes that unnecessary. The group will prepare …</p></blockquote></summary><content type="html"><h2 id="the-invitation">The&nbsp;invitation</h2>
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<p><strong>A natural temptation […] is to try to explain everything that will happen during the event, including how and why it will work</strong>. After all, we are used to sending out a full agenda in advance with a complete rationalization. Open Space makes that unnecessary. The group will prepare the agenda upon arrival. Thus, providing the agenda is not only unnecessary, it is impossible. So what do you say in the invitation? As little as possible. <strong>The objective is to stimulate the imagination of potential guests to the point that they perceive the pertinence and attractiveness of the issue</strong>.&nbsp;[p29]</p>
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<p><strong>A useful model might be the first paragraph of a really good story</strong>. If you tell the whole tale at the outset, nobody would bother reading on. On the other hand, if you say nothing, or little that makes any sense, the reader will not be hooked.&nbsp;[p29]</p>
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<p><strong>When it comes to explaining Open Space, don’t</strong>. Simply say that although it may be new to this group, it has been used all over the world with predictable results.&nbsp;[p30]</p>
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<p>Promises :
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1. Every issue of concern to anybody will have been raised, if they took responsibility for doing that.
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2. All issues will have received full discussion, to the extent desired.
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3. A full report of issues and discussions will be in the hands of all participants.
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4. Priorities will be set and action plans will be made.&nbsp;[p30]</p>
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<p>Every invitation is unique, and it should be. <strong>The invitation should appeal to that unique group of people who might care about the issue at hand</strong>. By definition, that will exclude a whole mess of other people who couldn’t care less.&nbsp;[p30]</p>
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<p>I suggest four simple sections […]
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1. The Theme (issue): Stated in ten words or less—preferably much less
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2. Background/Rational: This should include highlights and most especially intriguing questions. But by no means should this be a full documentation of present status and desired future.
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3. Logistics (Where, When, and How): Keep it simple […]
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4. The Promises&nbsp;[p31]</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="organisation"></category><category term="open-space"></category></entry><entry><title>Rupture anarchiste et trahison pro-féministe</title><link href="https://blog.notmyidea.org/rupture-anarchiste-et-trahison-pro-feministe.html" rel="alternate"></link><published>2019-08-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-08-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Léo Thiers-Vidal</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-08-01:/rupture-anarchiste-et-trahison-pro-feministe.html</id><summary type="html"><blockquote>
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<p>Très rapidement des oppositions se sont en effet révélées : les hommes engagés ressortaient joyeux des ateliers non-mixtes masculins où ils avaient par exemple abordé les premières expériences sexuelles, les fantasmes, l&#8217;expression d&#8217;émotions, tandis que les féministes ressortaient graves d&#8217;ateliers où elles avaient abordé les violences sexuelles et …</p></blockquote></summary><content type="html"><blockquote>
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<p>Très rapidement des oppositions se sont en effet révélées : les hommes engagés ressortaient joyeux des ateliers non-mixtes masculins où ils avaient par exemple abordé les premières expériences sexuelles, les fantasmes, l&#8217;expression d&#8217;émotions, tandis que les féministes ressortaient graves d&#8217;ateliers où elles avaient abordé les violences sexuelles et leurs conséquences sur leur sexualité et leur intégrité. [non-mixité,&nbsp;p107]</p>
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<p>Les hommes, s&#8217;ils veulent maintenir leur qualité de vie matérielle, psychologique, sexuelle et mentale, ont intérêt à se cacher à eux-mêmes le caractère oppressif de leur rapports avec les femmes. [réalisation,&nbsp;p110]</p>
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<p>C&#8217;est aussi en refusant d&#8217;empatiser avec les femmes que les hommes engagés demeurent liés au groupe social des hommes en général. Seul un travail théorique, politique et personnel sur cet aspect de la subjectivité masculine permettra de briser le lien avec le groupe social des hommes et d&#8217;élaborer une conscience anti-masculiniste. [réalisation,&nbsp;p111]</p>
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<p>J&#8217;entends par « masculinisme » l&#8217;idéologie politique gouvernante, structurant la société de telle façon que deux classes sociales sont produites : les hommes et le femmes. La classe sociale des hommes se fonde sur l&#8217;oppression des gemmes, source d&#8217;une qualité de vie améliorée. J&#8217;entends par « masculinité » un nombre de pratiques — produisant une façon d&#8217;être au monde et une vision du monde — structurées par le masculinisme, fondées sur et rendant possible l&#8217;oppression des femmes. J&#8217;entends par « hommes » les acteurs sociaux produits par le masculinisme, dont le trait commun est constitué par l&#8217;action oppressive envers les femmes. &#8212; Michèle Le Dœuff [masculinisme,&nbsp;p126]</p>
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<p><strong>La pensée <em>queer</em> [&#8230;] ne me renvoie pas vers une position privilégiée mais incite</strong> par l&#8217;accent qu&#8217;elle met sur la performativité, la sexualité, le discursif, <strong>à se croire indépendant des structures sociales</strong>. Comme si je pouvais aller là ou bon me semblait, et que quasi toute transgression de l&#8217;ordre symbolique hétéro-normatif était politiquement pertinente. Comme si nous étions tou⋅te⋅s des atomes libres survolant genre, hétérosexualité et oppression des femmes par les hommes. Ça ne risque pas trop de faire comprendre aux hommes que c&#8217;est plutôt une restriction de notre pouvoir et marge de manœuvre qui serait nécessaire&#8230; [queer,&nbsp;genre]</p>
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<p>Du côté des hommes, la prise de conscience de la position sociale oppressive aboutit souvent à revendiquer une <em>autre</em> masculinité. Il me semble pourtant que nous avons (à l&#8217;opposé des groupes sociaux opprimés pour lesquels la revendication identitaire reste une question de survie) à faire un chemin vers le refus d&#8217;identité genrée, donc l&#8217;abolition de l&#8217;identité masculine. Cette abolition ne peut d&#8217;ailleurs que passer par la mise en place d&#8217;autres rapports sociaux abolissant progressivement le genre et créant de nouveaux ingrédients relationnels humains. L&#8217;utopie du non-genre me semble d&#8217;ailleurs bien plus radicale que la création de nouvelles recettes « post identitaires », à l&#8217;aider d&#8217;ingrédients entièrement marqués et structurés par l&#8217;oppression des femmes par les hommes. [masculinisme,&nbsp;queer]</p>
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<p>Si la pensée <em>queer</em> nous interpelle dans sa remise en cause de l&#8217;hétéronormativité, elle nous dérange dans la mesure où&nbsp;:</p>
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<li>Elle déconnecte genre de sexe, mais néglige le fait que le genre est un système politique d&#8217;organisation des humains en oppresseurs et&nbsp;opprimées.</li>
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<li>Elle traite la dimension discursive de l&#8217;hétéronormativité comme fondamentale, et non ses structures sociales&nbsp;hiérarchiques.</li>
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<li>Elle sur-visibilise la dimension sexuelle au détriment d&#8217;autres dimensions comme la division genrée du travail, l&#8217;exploitation domestique, etc., ainsi que les autres axes d&#8217;oppression de race, de classe, de&nbsp;continent…</li>
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<li>Elle manque fondamentalement d&#8217;utopie radicale et accentue avant tout les modes d&#8217;actions individuels au détriment de modes d&#8217;action collectifs en vue de l&#8217;abolition du genre.
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&#8212; Sabine Masson <span class="amp">&amp;</span> Léo Thiers-Vidal&nbsp;[queer]</li>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="féminisme"></category><category term="anarchisme"></category><category term="masculinismes"></category></entry><entry><title>Comment la non-violence protège l’état</title><link href="https://blog.notmyidea.org/comment-la-non-violence-protege-letat.html" rel="alternate"></link><published>2019-06-01T00:00:00+02:00</published><updated>2019-06-01T00:00:00+02:00</updated><author><name>Peter Gelderloos</name></author><id>tag:blog.notmyidea.org,2019-06-01:/comment-la-non-violence-protege-letat.html</id><summary type="html"><blockquote>
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<p>On peut discerner un schéma récurrent de manipulation historique et de blanchiment flagrant dans chacune des victoires revendiquées par les activistes non-violent-e-s. <strong>La position pacifiste requiert que le succès doit pouvoir être attribué aux tactiques pacifistes et à elles seules, alors que nous autres pensons que le changement provient de …</strong></p></blockquote></summary><content type="html"><blockquote>
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<p>On peut discerner un schéma récurrent de manipulation historique et de blanchiment flagrant dans chacune des victoires revendiquées par les activistes non-violent-e-s. <strong>La position pacifiste requiert que le succès doit pouvoir être attribué aux tactiques pacifistes et à elles seules, alors que nous autres pensons que le changement provient de l’ensemble des tactiques utilisées dans toute situation révolutionnaire, pourvu qu’elles soient déployées de façon efficace</strong>. Parce qu’aucun conflit social majeur ne présente une uniformité de tactiques et d’idéologies – autrement dit on trouve dans tous les conflits de ce genre le recours à des tactiques pacifistes et à des tactiques résolument non-pacifistes –, les pacifistes doivent effacer la part d’histoire qui est en désaccord avec leurs affirmations ou au contraire attribuer leurs échecs à la présence au sein du mouvement concerné d’une forme de lutte&nbsp;violente.</p>
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<p>On nous raconte qu’en Inde, guidés par leur leader Gandhi, les gens construisirent au fil des décennies un mouvement non-violent de masse et s’engagèrent dans la protestation, la non-coopération, les boycotts économiques, des grèves de la faim exemplaires et des actes de désobéissance pour bloquer la machinerie de l’impérialisme britannique. Ils subirent des massacres et répliquèrent par une ou deux émeutes mais, dans l’ensemble, le mouvement fut non-violent et, après avoir persévéré pendant des décennies, le peuple indien gagna son indépendance, délivrant ainsi une victoire pacifiste certifiée. L’histoire réelle est plus compliquée, puisque <strong>des poussées violentes ont également influencé la décision de retrait des Britanniques</strong>. Ceux-ci avaient perdu la capacité de maintenir leur pouvoir colonial, après que des millions de leurs soldats meurent et qu&#8217;une grande quantité de ressources diverses soient anéanties au cours de deux guerres mondiales extrêmement violentes, dont la seconde dévasta tout spécialement la « mère patrie ». Les luttes armées des militant-e-s arabes et juifs en Palestine entre 1945 et 1948 continuèrent d’affaiblir l’empire britannique, et rendirent alors évidente la menace que les Indien-ne-s pourraient abandonner la désobéissance civile et prendre les armes en masse si l&#8217;on continuait de les ignorer encore longtemps ; tout ceci ne peut être exclu des facteurs qui déterminèrent la décision des Britanniques de renoncer à une administration coloniale directe.
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On réalise que cette menace était encore plus directe lorsque l’on comprend que <strong>l’histoire pacifiste du mouvement d’indépendance indien brosse un tableau sélectif et incomplet</strong> : la non-violence n’était pas universelle en Inde. La résistance à la colonisation britannique comprenait bien assez de lutte violente ou armée pour que l’on considère de façon plus exacte que la méthode gandhienne était l’une des différentes formes concurrentes de résistance populaire. Dans leur dérangeante démarche d’universalisation, <strong>les pacifistes effacent ces autres formes de résistance et contribuent à propager l’histoire fausse selon laquelle Gandhi et ses disciples étaient la seule boussole de la résistance indienne</strong>. Sont ainsi passés sous silence d’importants dirigeants militants comme Chandrasekhar Azad 7 , qui combattit les armes à la main contre les colons britanniques, et <strong>des révolutionnaires comme Bhagat Singh, qui s’attira un soutien massif en commettant des attentats à la bombe et des assassinats au profit d’une lutte visant le renversement du capitalisme tant indien que britannique</strong>.
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L’histoire pacifiste de la lutte indienne ne peut rendre compte du fait que Subhas Chandra Bose, le candidat favorable à l&#8217;usage de méthodes de luttes non exclusivement pacifiques, fut élu deux fois président du Congrès National Indien, en 1938 et 1939. Si Gandhi fut peut-être la figure la plus remarquablement influente et populaire dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde, la position dirigeante qu’il assuma ne lui valut pas toujours un soutien unanime des masses. Il perdit tellement de soutien des Indien-ne-s lorsqu’il appela au calme après l’émeute de 1922 que « pas le moindre murmure de protestation ne se fit entendre en Inde quand les Britanniques l’arrêtèrent ensuite »&nbsp;.</p>
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<p>De façon significative, l’histoire se souvient de Gandhi plus que de tous les autres non pas parce qu’il représentait la voix unanime de l’Inde, mais de par l’attention particulière que lui porta la presse britannique et la prééminence que lui valut le fait d’être pris comme interlocuteur lors d’importantes négociations avec le gouvernement colonial britannique. Si l’on se rappelle que l’histoire est écrite par les vainqueurs, une autre strate du mythe de l’indépendance indienne&nbsp;s’effrite.</p>
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<p>Mais <strong>l’aspect le plus désolant de l&#8217;affirmation des pacifistes</strong> que l’indépendance de l’Inde est une victoire pour la non-violence <strong>est qu’elle donne tête baissée dans la manipulation historique</strong> élaborée dans l’intérêt des États impérialistes et partisans de la suprématie blanche, qui ont colonisé les pays du Sud. Le mouvement de libération de l’Inde échoua. <strong>Les Britanniques ne furent pas ontraints à quitter l’Inde. Ils choisirent au lieu de ça de transférer le territoire d&#8217;une administration coloniale directe à une administration néocoloniale</strong>. Quelle sorte de victoire autorise les perdants à dicter le calendrier et les modalités de l’ascension des vainqueurs ? Les Britanniques rédigèrent la nouvelle constitution et remirent le pouvoir entre les mains de successeurs qu’ils choisirent. Ils attisèrent les flammes du séparatisme ethnique et religieux afin que l’Inde soit affaiblie par des divisions internes, empêchée de bénéficier de la paix et de la prospérité, et dépendante de l’aide militaire et autres formes de soutien de la part des États&nbsp;euro-américains.</p>
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<p><strong>L’Inde est toujours exploitée par des entreprises euro-américaines</strong> (bien que plusieurs nouvelles entreprises indiennes, principalement des filiales, se soient jointes au pillage), et continue de fournir des ressources et des marchés aux États impérialistes. Par bien des façons, <strong>la pauvreté de son peuple s’est aggravée et l’exploitation est devenue plus efficace</strong>. L’indépendance à l’égard du pouvoir colonial a donné à l’Inde plus d’autonomie dans quelques zones, et a certainement permis à une poignée d’Indiens de s’asseoir dans les fauteuils du pouvoir, mais <strong>l’exploitation et la marchandisation des ressources s’est approfondie</strong>. Qui plus est, l’Inde a perdu la nette opportunité que représentait une lutte d’émancipation riche de sens menée contre un oppresseur étranger aisément identifiable. Aujourd’hui, un mouvement d’émancipation aurait a s’opposer aux dynamiques déconcertantes du nationalisme et de la rivalité ethnique et religieuse pour abolir un capitalisme et un gouvernement domestiques bien plus développés que dans leurs formes d’alors. Tout bien pesé, le mouvement d’indépendance a donc bien&nbsp;échoué.</p>
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</blockquote></content><category term="lectures"></category><category term="non-violence"></category><category term="anarchisme"></category></entry></feed> |