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Quels usages pour l'informatique ?
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:date: 01/12/2011
:lang: fr
:slug: usages-informatique
Quand on termine ses études, on s'en pose un tas, des questions. Sur le métier
que l'on veut faire, sur ce que ça signifie, sur le sens et la valeur du
travail. Et j'en suis arrivé à faire un constat simple: l'informatique, c'est
utile, tant que ça ne vient pas vous pourrir la vie. Oui, parce que de
l'informatique on en a partout, des "geeks" et des "accros" aussi, et que ça
vient s'immiscer dans nos vies même quand d'autres moyens ou médias sont plus
utiles ou pertinents.
Certes, l'informatique nous permet de communiquer et travailler plus efficacement,
Mais à quel prix ? Ce n'est pas parce qu'il est possible d'`industrialiser
l'éducation
<http://retourdactu.fr/2011/11/07/la-non-communication-nouveau-modele-de-societe/>`_
(ou l'agriculture !), que l'on doit le faire. Oui, ça me dérange d'être une des
nombreuses personnes à l'œuvre derrière cette soit disant "révolution", qui
n'est pas toujours pour le meilleur. Attention, je ne remets pas l'informatique
et son intérêt en cause: je me pose des questions quand à la place que je veux
lui donner et la place que je souhaites occuper dans son évolution. Ce n'est
pas parce qu'on peut tuer avec un marteau (avec un peu de volonté) qu'il s'agit
d'un mauvais outil, mais si tout le monde se met à tuer avec des marteaux (y a
des malades partout, hein), alors se poser la question de son rôle, en tant que
fabricant de marteaux me semble nécessaire (oui, je vous l'accorde, on aura vu
des comparaisons plus perspicaces).
Donc: à partir de quel moment l'informatique cesse d'être un outil utile pour
transformer nos modes de vies d'une manière qui me dérange ? Peut être avec son
arrivée sur des périphériques mobiles ? Peut être quand elle se fait
l'instrument du consumérisme et de l'individualisme.
Et alors, on fait quoi ?
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Mais si je continue à faire de l'informatique, il y a bien des raison. J'ai
d'ailleurs trouvé mon intérêt de par le coté collaboratif qui est permis et
développé par l'outil informatique, et notamment par le réseau des réseaux
(internet). Faisons ensemble, mes amis. Prouvons que la collaboration a de
meilleurs jours à vivre que la compétition. Le web, notamment, est une avancée
majeure en ce qui concerne la liberté d'expression et le partage de
connaissances (oui, kipédia). Je vous conseille d'ailleurs à ce propos
`l'excellent discours tenu par Bernard Stiegler
<http://owni.fr/2011/11/30/vers-une-economie-de-la-contribution/>`_ paru
récemment sur `owni <http://www.owni.fr>`_.
Et c'est cet avenir qu'il me plait de défendre: l'ouverture d'esprit, la
possibilité que chacun puisse contribuer et participer à une base de savoir
commune, en apprenant des autres. Mais par pitié, n'imposons pas la
technologie là où elle n'est pas nécessaire, et utilisons la avec tact quand
elle peut nous être profitable.
Il me plait de repenser l'informatique comme outil et non plus comme mode de
vie. Faisons le l'outil de la collaboration. À l'école, apprenons à nos enfants
à collaborer, à susciter le partage, pas uniquement avec l'outil informatique,
mais aussi avec celui ci, tout en leurs apprenant à avoir un regard critique
sur les informations qu'ils reçoivent.
En bref, questionner le rôle que l'on souhaite avoir dans notre société par le
biais de l'informatique est nécessaire. Comme d'autres, je suis arrivé
à l'informatique par le biais du premier ordinateur familial, il y a de ça une
bonne quinzaine d'années. Ça intrigue, on touche un peu à tout (on en fait des
conneries !) et on finit par apprendre/comprendre comment ça marche, petit
à petit. Cette curiosité n'est d'ailleurs pas le propre de l'informatique
puisqu'on la retrouve dans la cuisine, dans le bricolage et dans un tas de
domaines de notre vie quotidienne.
Finalement, c'est aimer bidouiller, et comprendre comment ça fonctionne, quitte
à sortir les compétences de leur domaine de prédilection (qui a dit que
l'informatique ne pouvait être artistique ?) Le mouvement hacker (bidouilleurs)
aime à sortir l'informatique de son carcan et l'appliquer ailleurs.
C'est de cette manière que j'ai envie de considérer mon métier, qui avant tout
est une passion. Je suis un bidouilleur, j'aime découvrir comment les choses
fonctionnent et avoir une panoplie d'outils qui me permettent de répondre à des
besoins réels.
Favoriser la collaboration
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Et donc, en tant qu'individu, pourquoi faire de l'informatique ? Qu'est-ce qui
m'attire dans cet outil ?
Ce qu'on pourrait qualifier de "recherche fondamentale", l'écriture de
bibliothèques logicielles, est important mais n'est pas tout. Ce qui importe ce
sont les usages qui en découlent. Je souhaite **savoir écrire des outils qui
sont utiles**, **qui favorisent la collaboration et participent à l'ouverture
des esprits**.
Je choisis de faire de l'informatique pour créer les outils qui répondent à des
problématiques réelles, pour trouver de meilleures manières de communiquer et
de travailler ensemble. Mais, comme me le disait David, d'`Outils-Réseaux
<http://outils-reseaux.org/PresentationProjet>`_, on ne crée pas de la
coopération: rien ne sert d'essayer de faire coopérer des gens qui ne veulent
pas. On peut, cependant, la faciliter, en utilisant les bons outils et en
formant les gens à leur utilisation, ainsi qu'aux pratiques collaboratives
(qui, je le répète, ne s'arrêtent pas du tout aux frontières informatique).
Le logiciel libre, avant d'être une force pour le marché logiciel, est une
application du partage. Une démonstration qu'il est possible de travailler
ensemble pour fabriquer quelque chose de fonctionnel et d'utile pour tous. Une
sorte d'antithèse de ce modèle capitaliste incarné par les brevets logiciel.
A plusieurs reprises, j'ai été bluffé par la réalité du logiciel libre. Oui, il
est facile de collaborer lorsqu'on crée un logiciel, pour peu qu'on explique
les tenants et les aboutissants aux participants. Les contributeurs sortent
d'on ne sait où, pour peu que le projet leur soit utile. Je ne parle pas
d'outils "corpo compliant" (bien que ça soit probablement aussi le cas), mais
d'outils que j'ai pu développer pour mon propre usage, et sur lesquels il a été
possible de collaborer avec d'autres.
Parce que l'informatique est utile dans bien des milieux, parce qu'elle peut
être (et elle l'est) un vecteur de participation et de collaboration, défendons
les valeurs qui nous sont chères (logiciels libres et ouverts!) et construisons
des ponts entre les initiatives qui nous parlent (fermes autogérées,
initiatives d'éducation populaire) et l'informatique.
Faisons en sorte de rendre l'informatique accessible et utile dans les milieux
ou elle peut apporter quelque chose !