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Séparation travail et loisirs | Travail, Facilitation, Savoir-Être | Bien que nécessaire pour certains pour se protéger de l'exploitation, cette séparation ne risque-elle pas de déshumaniser le travail et d'empêcher la construction de relations authentiques entre collègues ? |
Plus sérieusement, le boulot est le boulot et les loisirs sont aussi la liberté des salariés de faire strictement ce qu’ils veulent de leur temps libre. Les trucs « conviviaux » des boites « cool », c’est un moyen très calculé de brouiller la perception travail/loisir et d’induire en fait du présentéisme forcené qui n’est rémunéré que de manière très symbolique. Et qué s’apelerio exploitation.
Je me questionne sur le double rôle des barrières de protection mises en place au travail, peuvent-elles nous empêcher de créer le monde que l’on veut voir advenir ?
La question de la séparation entre le travail et les loisirs est une question qui en ouvre d’autres pour moi :
- Quelle est la place pour le loisir au travail ?
- Le travail est-il nécessairement opposé aux loisirs ?
- Quelle place donner aux relations professionnelles hors du milieu pro ?
Rationalisation et culpabilité
J’entends l’argument de la technique utilisée par les grosses boites pour « paraitre cool » sans rémunérer le travail. C’est un malheureux fait à garder en tête.
Mais je me demande si derrière cette séparation, il ne se cache pas une idée de sectoriser le travail, de le séparer des aires de loisir, et je ne peux m’empêcher d’y voir le concept de rationalisation.
La rationalisation est le phénomène culturel […] constituant l’application de la rationalité à tous les domaines de la vie et depuis tous les échelons de la société. On retrouve ici ce que l’on observait dans le rationalisme : une propension à privilégier la raison sur toutes les autres fonctions du psychisme.
En psychologie, psychiatrie et criminologie, c’est l’un des moyens pour le cerveau de « neutraliser la culpabilité » d’un individu coupable d’un acte délictueux ou criminel.
Est-ce qu’en séparant le travail du reste de sa vie (pour s’en protéger), on n’effectue pas une gymnastique mentale dont l’objectif serait de ne pas voir les problèmes qui se déroulent au travail ? De « neutraliser la culpabilité » du travail sur nos vies ?
Séparer, pourquoi ?
À ce stade, il me paraît important de situer cette réflexion sur le plan de l’idéalisme : les conditions de travail n’étant pas les mêmes pour tout le monde.
Pouvoir mettre le travail à distance (a.k.a ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier) me semble être un des éléments majeurs de cette séparation. Cette aptitude est nécessaire dans un monde ou le travail est vécu comme un moyen d’entretenir une exploitation.
De l’autre côté du spectre, en situant la réflexion dans un monde où il est possible aux salarié·es de prendre part aux décisions stratégiques, un des risques de cette rationalisation est de déshumaniser le travail.
Jouer au babyfoot (pour reprendre l’exemple du fil mastodon) avec les collègues permettra peut-être d’avoir ensuite des discussions plus détendues, permettra peut-être de créer autre chose que des relations « de travail ».
Se protéger, oui. Garder ses espaces de liberté, oui. Rationaliser ? Plutôt pas.
Questions ouvertes :
- Est-ce que des relations créées au travail sont des relations de travail ?
- Est-il alors nécessaire de séparer l’un de l’autre ?
- Que permet et qu’empêche cette séparation ?