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Executable file
title: Sapins
contraintes: - Thème : Sapin.
- Timer : 35mn. (20mn)
- Contrainte supplémentaire : ne pas effacer ses mots.
C'est d'abord son odeur qui m'arrive aux narines, une effluve de résine, un côté fruité, presque épicé. Une puissance aromatique qui vient en plusieurs temps, d'abord me chatouiller les narines, puis remplir mon espace olfactif jusqu'à ce que je ne sente plus rien d'autre. Entêtant.
Je baisse la tête et je me rends compte que la végétation à disparue. Au-delà des épines de pin qui jonchent le sol, j'ai du mal à distinguer autre chose, comme si la place était prise, mais pas de manière visible. Comme si un code invisible était de rigueur, et avait pour effet de tenir les autres à l'écart.
Ces épines donc, longues et fines, trapues presque. Ternes et sèches, souvent groupées par deux. Je me demande pourquoi ? Pour s'assurer qu'une des deux arrive à ses fins ? Pour s'accompagner ?
Le sol est aride, mes pas s'espacent, s'agrandissent. Partout autour de moi, c'est le même paysage. Beau et désolant à la foi, par son unicité.
Je me retourne pour contempler, ou plutôt j'essaye sans y parvenir. Je suis attiré par un espace vide un peu plus loin, sans trop comprendre ce que j'y trouve. Je me demande encore une fois ce que je fais là, au milieu de cette forêt de sapin, à 500 km de chez moi. Il fait froid alors qu'on est en plein été. Le vent me chatouille et me guide, je me demande si c'est lui qui m'a conduit ici.
J'arrive à l'orée de cet espace vide que j'avais vu, qui est en fait une petite clairière. L'espace que je croyais vide est en fait rempli de mille détails, fourmillants. J'observe le sol et me rends compte qu'il est doux, accueillant. J'ai du mal à m'expliquer pourquoi, et je passe outre. Finalement, l'important c'est la sensation. Je m'allonge et mes épaules se relâchent. Je sens la tension accumulée se décharger dans le sol. Je sursaute de repos, et mon cerveau se lâche. Me lâche. Mais dans le bon sens du terme, il me laisse tranquille, le temps de ces quelques minutes de repos. Je ne sais pas combien de minutes — ou d'heures — s'écoulent mais c'est délicieux. Je sens mes sens rentrer en éveil et me dire que la nuit arrive bientôt. La douce chaleur du soleil, celle qui me caressait les épaules s'en est allée et par là même m'a chuchoté de m'en aller.
Je me remets en marche, remets mon gilet sur mes frêles épaules et je me trouve jolie. Légère en fait. Je dois affronter cette forêt de sapin qui vu d'ici me parait hostile. En m'approchant je ressens l'épinosité et mes sens qui s'agitent. Ça se passera bien, vite et bien. Je traverse d'un coup de vent cette forêt et finalement assez bien, oui.
Je suis content de la laisser derrière moi, même si je me souviendrais de son odeur, de ses formes et de ses couleurs.
Derrière moi.