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Raw Blame History

title: Au delà de la pénétration author: Martin Page tags: sexualité, féminisme read_on: Janvier 2020 headline: Le livre est une ode aux plaisirs, une proposition de dépasser une sexualité étriquée, renfermée sur des pratiques traditionnelles qui ne sont pas forcement les meilleures en terme de plaisirs.

C'est un tout petit livre de 150 pages, découpé en trois parties : une introduction, un recueil de témoignages et enfin quelques remerciements.

L'auteur vient préciser qu'il existe différentes sexualités, qu'avant tout une sexualité devrait être une rencontre, une écoute mutuelle, une recherche des plaisirs de chacun⋅e.

La question est: y a t-il des pratiques obligatoires ? Si dans un couple, la pénétration (ou toute autre pratique sexuelle) n'était pas (ou plus) possible (ou pas ou plus souhaitée) est-ce que "ce serait vraiment une tragédie" ? Si ma compagne ne veut plus être pénétrée, si mon compagnon ne bande plus, est-ce forcement la fin du désir et du plaisir ? Ou bien est-ce l'occasion d'être créatifs ?

Il précise que parfois (souvent ?) la pénétration n'est pas une pratique qui procure du plaisir aux femmes, et que, parce que c'est un tabou, la pratique n'est pas vraiment remise en question.

Et parfois, tout simplement, des femmes n'aiment pas particulièrement ça, elles ne ressentent pas le plaisir incroyable qu'on leur intime de ressentir lors de cet acte. Elles ne souffrent de rien, pas de blessures, pas de peur, tout simplement ce n'est pas le truc le plus intéressant pour elles en matière de sexualité. C'est juste sympa, voire sans intérêt.

Une amie me racontant que le problème de la pénétration vaginale c'est qu'elle impliquait forcément contraception et que cela coûtait aux femmes. Une charge mentale de plus, une responsabilité, un truc auquel penser.

Sans pénétration, tout le corps est hypersensible et délicieusement hyperactif. Faire l'amour devrait être la rencontre des corps et leur conversation.

Finalement, la pénétration est un mode adapté au capitalisme, à nos journées volées par le travail, par les angoisses et la compétition. Comme il y a peu de temps pour penser l'amour, le pénis dans le vagin est pratique, on tient un certain temps, c'est calibré, il y a un début et une fin bien précise, on accomplit son devoir sans penser et sans imaginer. La société applaudit.

Ce passage fait echo pour moi, et à mon rapport au temps.

Les hommes veulent entrer dans le corps de l'autre à tout prix, ils s'en servent comme d'un objet au service de leur jouissance et souvent le plaisir de leur partenaire est accessoire. Ils disent qu'ils font l'amour mais en fait ils se masturbent dans le corps des femmes Le patriarcat règne. Souvent la pénétration reproduit la domination de l'homme sur la femme : l'homme tient la femme, son sexe est en elle, il décide et dirige.

Japprécie que l'analyse ne soit pas portée sur la question de la sexualité sans évoquer les problématiques féministes, qui en mon sens sont centrales.

En fait, l'homme préfère ne pas y penser. Plus exactement: il refuse de se penser comme un être pénétrable. Il est farouchement contre sa propre pénétration. Pourquoi ? Arès tout, si la pénétration peut apporter du plaisir aux femmes, elle peut plus sûrement encore en donner aux hommes. C'est un fait. L'anatomie masculine est dotée d'une prostate [...]. Cet organe est une zone puissamment érogène et une grande source de plaisir qui peut conduire à la jouissance et à l'éjaculation.

Bien sur, le massage prostatique est tabou encore plus grand (que parler de pénétration vaginale), et ce plaisir n'est pas pratiqué par la grande majorité des hommes.

Le désir de leur propre pénétration est singulièrement absent chez les hommes hétérosexuels qui paraissent ainsi comme de ridicules et paradoxales victimes de leur domination. [...] Dans leurs majorité, les hommes hétérosexuels, pourtant aventureux déclarés quand il s'agit du corps de l'autre, se révèlent puritains concernant leur propre corps.

Et, en parlant de l'utilisation de l'anus / de la prostate :

Leur angoisse étant de ne pas être assez homme, de ne pas correspondre au cliché viril. C'est bien ça l'enjeu pour certains : ils pénètrent pour ne pas risquer de mettre au jour leur propre désir d'avoir un doigt ou un gode dans l'anus, pour ne pas devenir un être pénétrable, c'est-à-dire, dans leur stupide esprit macho : une femme ou un homosexuel. Donc un dominé, un faible. Être considéré comme une femme ou un gay reste la grande peur des hétérosexuels.

J'aime bien les « insultes » qui sont utilisées par Martin page : « Punaise de kalenbullar de plutonium », « punaise de tragédie », etc. C'est mignon et c'est bien comme ça !