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2020-01-02 16:10:21 +01:00

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# Francis Dupuis Déri, Démocratie.
*Ces notes sont extraites de deux ressources : une discussion autour de la notion de « Démocratie », organisé par la Fédération Anarchiste de Rennes, avec comme invité Françis Dupuis-Déri, et [une vidéo sur Thinkerview](https://www.thinkerview.com/francis-dupuis-deri-democratie-marketing-politique-pour-les-pauvre).*
Le discours dominant indique que, à Athènes, les fonctions sont tirées au sort. Les fonctions ont peu de pouvoir. Principe de rotation des taches. Pour éviter de développer des privilèges.
Il y a quelques situation de pouvoir avec les jurys (501 citoyens qui forment un jury), il n'y a pas de juge, pas d'avocat Les parties s'auto-représentent, le jury prends la décision.
Puis par la suite en 1770, la démocratie à été refondée pour créer la — soit disant — démocratie moderne . Dans la civilisation moderne, la démocratie n'est plus dans une citée, il faut donc faire en fonction de la nation. Les gens sont trop nombreux pour s'assembler, et donc il faut la démocratie représentative. « C'est la même chose, mais différent ».
## Ce récit est en fait fallacieux.
Il n'y a pas de lien entre Athènes et le parlement qu'on a maintenant (ou le congrès, etc).
Les parlements sont une création du moyen age, vers le 12eme ou 13eme siècle (voire certaine formes de proto-parlement vers le 9eme siècle).
Ce sont des moments ou le roi convoque les grands du royaume (de manière un peu arbitraire), et à ce moment il n'y a pas encore de parlement en tant que tel (bâtiment). Les lieux changent, ça peut être dans un monastère, dans un château, etc.
Les grands du royaumes ont prêtés serment de protéger le roi, ET de le conseiller.
Le roi à besoin d'aide pour prélever les taxes. Au moyen age, les rois ne connaissent pas leur population (pas de recensement, par ex. il y a des débats à l'époque sur le nombre de personnes dans une ville)
L'origine du parlementarisme est en fait ces premières rencontres. Au fil des générations et des siècles, et des crises militaires etc. ces rencontres vont donner des occasions aux grands du royaume de négocier. Des crises éclatent par ex dans ce genre de rencontres (par ex. les états généraux).
Grosso-modo, les rôles des citoyens sont les mêmes, et l'executif et les parlementaires détiennent le pouvoir d'une manière générale.
Il faudrait en fait nommer ces systèmes « aristocraties électives ». C'est différent d'une aristocratie héréditaire, mais dans les deux cas il s'agit d'une logique aristocratique.
C'est donc un tout petit groupe, qui :
- A la prétention d'être « les meilleurs » (en fonction de différents critères : remporter les élections, avoir le « sang bleu », etc).
- Représente les classes supérieures, très largement privilégiées. Impossible par exemple d'avoir des chômeurs au sein de ce groupe (puisqu'on est député contre un salaire); Il y a des chefs d'entreprises, des les classes sup, des hommes majoritairement, des blancs, donc une disproportion des classes privilégiées.
## Origines / histoire du mot démocratie
*Dupuis-Déri indique s'appuyer sur les travaux de Pierre Rozon Valon, qui a travaillé sur le mot en France.*
Lors des moments de rupture, on constate que les élites sont des parlementaires au sens large (par ex. Danton, Mauras, Robespierre, St just etc). Quand ils déclenchent leur rébellion (contre la couronne ou contre le parlement britannique par exemple), ils n'utilisaient pas le mot de démocratie.
Démocrate à ce moment la faisait référence à Athènes, au pouvoir de la plèbe, considéré comme dangereux, sanguinaire et immoral. Il s'agit du « pouvoir des pauvres ». Ils avaient appris à se méfier d'Athènes. Le modèle dominant à l'époque était . Leur modèle était à l'époque Rome.
2 générations plus tard (vers 1830 aux US, 1848 pour la France), le premier candidat à la présidence fait appel à ce concept de démocratie. Tout le monde se prétends alors démocrate, à des fins électorales. [Auguste Blanqui](https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Blanqui) (révolutionnaire républicain socialiste français) dit alors :
> Tout le monde si dit démocrate, on a mème des monarchistes démocrates. Le mot démocratie est devenu caoutchouc.
En 1828 aux USA il y a des campagnes électorales, les présidents se présentent comme des républicains. Andrew Jackson perd les élections, et pour pouvoir gagner, ils se représente à d'autres élections comme démocrate. En étant contre l'aristocratie financière, et en s'adressant directement au peuple, le peuple va penser que tu prends sa défense. Par la suite tous les candidats se sont dits démocrates.
Dans le cas de la France, sous la monarchie restaurée, l'utilisation du mot « république » est considéré dangereux et condamné. En cherchant un mot de remplacement ils se disent démocrates.
Cette stratégie de rhétorique, de propagande, crée de la confusion. Le peuple à donc été privé de ce mot de démocratie (vidé de son sens).
On pense que la nation s'incarne dans l'assemblée nationale, par une sorte de pensée magique, de chamanisme. On peut voir les élections comme un rituel qui permet de fusionner ses voix avec les autres voix de la nation, etc.
## Des exemples d'auto-gestion
Malgré tout ça, l'élite politique narrive pas à empêcher des expressions de vraies démocraties aujourd'hui. L'humanité à expérimenté plein de situations, ou elles pratiquent ce qu'on devrait appeler la démocratie :
Dans les communautés Mohawks (autochtones d'Amérique du nord) ou chez [inuits](https://fr.wikipedia.org/wiki/Inuits), ils y en avait plusieurs qui vivaient de manière non-hiérarchique, il n'y avait pas de propriété privée. Les chefs autochtones n'ont pas de pouvoir coercitif, pas de juge, pas de prison, pas de police, la seule chose que les chefs ont est un prestige lié à par ex leurs capacités de chasseurs. Mais ils n'ont pas de pouvoir réel. C'est pour cette raison que les autochtones étaient pris pour des peuples « pas fiables », le chef est un simple porte parole, mais ce n'est pas lui qui prends les décisions.
D'autres par ex les capviles (?)
Au moyen age il y avait des assemblées d'habitants. Ça ressemblait presque à de l'autogestion. Des communautés paysannes. Il y avait alors des communs (moulin, séchoir, puis, église) qui était gérés par la communauté d'habitants. Gérés par des assemblées d'habitants (10, 12, 14 assemblées par an), pour décider des choses à faire.
Les guildes sont très importantes à l'époque, les guildes décident en assemblée de comment on travaille, selon quels critères, formation, promotion, ils peuvent avoir des milices et participer à la défense de leurs villes, et se poursuivre les uns les autres, sans aucune intervention du pouvoir central. C'est donc un mode de vie qui ne fonctionne pas selon les « règles du régime ».
## Tradition anti parlementariste
Plutôt que de penser que c'est totalisant — il y a des ministères pour tout, une prétention de l'état à tout gérer —, il y a encore la possibilité de vivre quelque chose qui ressemble à la démocratie : dans nos quartiers, sur le ZAD, etc.
Il y a une tradition anti-parlementariste, qui dit que le peuple à la capacité à s'autogérer, et que les décisions ne doivent pas êtres gérées par le parlement.
Dans les grandes crises, c'est ce que le peuple fait (en argentine au début des années 2000, durant le printemps arabe, dans les crises sociales et politiques). Les gens s'assemblent, et ensuite décident ensemble d'éviter de nommer de nouveaux chefs. Cet esprit anti-parlementariste continue d'exister, et continue à faire peur. La peur est celle de l'émeute.
il y a d'ailleurs plein de lois contre les attroupements illégaux. C'était déjà le cas à l'époque des esclaves : interdiction des regroupement. En 1789, les parlementaires ont décidé d'interdire aux femmes de se rassembler.
Également, il y a eu énormément d'émeutes aux US à l'époque de Martin Luther King, et même MLK (qui était plutôt contre) disait alors qu'il y avait un sens derrière ces émeutes, et qu'il fallait condamner aussi ce qui à amené à cette situation.
— 20h19
# Questions / Discussion
Il y a eu pas mal de questions / réponses et discussions. Je n'ai pris des notes que sur une partie d'entre elles.
### On est contre l'assembléisme » ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Il y a toujours ce débat: élection/pas élection. Il y a toujours des personnes qui veulent écrire une nouvelle constitution, un comité sur le sexisme, etc. Ce sont des choses qui se retrouvent dans la plupart des mouvements.
### Inclusion et extinction rébellion
Je n'ai pas noté la question, mais elle traitait sur le fait que xR se disait inclusif et qu'en fait iels ne l'étaient sûrement pas réellement.
Il y a toujours — dans les groupes que je pratique — des principes, mais c'est pas ça qui fait que les gens se regroupent. Les mouvements sociaux existent déjà, ce sont des groupes qui existent déjà. Quand vous avez un groupe de 10-15 personnes avec des profils similaires aux vôtres, ça va pas faire venir d'autres personnes.
xR c'est un collectif militant de personnes qui se connaissent au début. Un appel avec un format, un langage, qui parle à une certaine partie de la population.
Un autre intervenant indique que « les groupes sont ce qu'ils sont. Qu'ils existent, qu'ils agissent, ça me dérange pas. Quand ça me dérange, c'est quand ils prétendent représenter d'autres personnes que ce qu'ils sont. »
### Exemple sde systèmes démocratiques
Est-ce que vous avez connaissance d'un pays qui à un système démocratique « normal » ?
La démocratie, avec 65M de personnes c'est pas vraiment faisable. Ça nempêche pas d'avoir des instances de fédération. Exercheia à Athènes, au Rojava mais ce sont des endroits ou la liberté est précaire.
### Que penser du RIC ?
Ma compréhension c'est qu'en Suisse ou en Californie (où c'est possible), ces référendums, dans le cadre de nations, quand ils sont actés dans des sociétés inégalitaires — en terme de moyens financiers, de prise de parole dans les médias etc — donnent l'illusion que le camp du oui et du non sont à forces égales, alors qu'en fait ce sont des campagnes électorales très inégalitaires. Ce qui favorise certaines parce que les moyens ne sont pas égaux.
De plus, les résultats sont reçus et gérés par les élus. Ma compréhension c'est que certaines décisions populaires ne sont pas adoptées.
### Avancées sociales et démocratie directe
Si on avait une démocratie directe, aurait-on eu les avancées sociales actuelles ?
Autrement dit, si on donnait le pouvoir au peuple, qu'est-ce que ça donnerait (dans les pays occidentaux) ?
On peut remettre en question le fait qu'il y ait vraiment des avancées *partout*. Par exemple, pour l'avortement, c'est l'état qui l'a interdit, au moyen age en premier lieu. Les femmes connaissaient les moyens de se faire avorter, alors qu'aujourd'hui les femmes ont très peu de compétences pour pouvoir pratiquer l'avortement elles mêmes.
C'est difficile d'imaginer. Il y aurait une diversité de systèmes juridiques. La république est en fait plus réactionnaire que la monarchie qui la précède (entre autre sur le sexisme, le racisme). Ce sont les mobilisations qui font évoluer les situations, ce n'est pas vraiment l'état qui fait progresser. L'état n'est pas progressiste (ou conservateur d'ailleurs) par définition, il ne fait qu'appliquer le status-quo.
### Avoir de meilleures assemblées représentatives ?
A : Est-ce que chercher à constituer des assemblées plus représentatives, « meilleures », voir qui représentent plus les dominés peut être bénéfique ?
B : Qu'est-ce qui nous dit qu'avec ces assemblées on va pas se retrouver dans la même situation qu'actuellement ? Ça reste de base des gens qui prennent des décisions pour d'autres. Le principe est fondamentalement glissant. risque de défendre ses propres intérêts plutôt que le reste de la population.
A : Il y a la potentialité de ne pas opposer les deux modèles ? Ce sont des tentatives de bricolages, pour avoir plus de démocratie et de justice sociale dans le système.
C (Isabelle Attard ?): Le pouvoir corrompt. On pense pouvoir lui mettre des gardes fous, pour pouvoir faire le mieux. Mon expérience c'est qu'au bout de 6 mois, le système intègre, absorbe, il est prévu pour ça. Imaginer que nous pourrions créer cette assemblée idéale, ne marche pas. Comme beaucoup d'autres personnes, j'y ai cru.
### Ressources
Quelques ressources citées par des personnes présentes ou par Dupuis-Déri
- « De la horde à l'état », qui explique que seuls des petits groupes de petite taille peuvent fonctionner.
# Autres notes prises durant via la vidéo
*Les notes de cette partie sont plus en vrac ;-)*
## Pouvoir et système électoral
Quand on créé un groupe anarchiste, il y a des pouvoirs informels et tout le monde n'est pas égal dans la réalité, mais ces groupes mettent en place des manières de réduire ces inégalités, ces jeux d'influence. Il rexiste des techniques pour réduire le pouvoir informel.
A chaque fois qu'il y a des gens aux pouvoir, il y a une forme de démagogie. La démagogie fait croire qu peuple qu'on est là pour son bien, alors que l'objectif est d'asseoir le pouvoir. La démagogie est inscrite dans l'ADN du système électoral. Vous voulez vous faire élire. Et donc vous souhaitez que les gens votent pour vous. Ce système électoral encourage le mensonge.
## Répression
L'état Français, Canadien, Americain, Britanique etc ont déjà tout un arsenal pour punir les casseurs (terme foncièrement péjoratif). Ils en re-créent pour consolider, densifier leur arsenal, et c'est également une opération politique. Ça donne quelques nouveaux outils à la police, mais la police à énormément de moyens déjà actuellement. Il s'agit principalement d'un moyen de montrer qu'il se passe quelque chose.
## Vote / Décisions collectives
Un endroit ou on aurait vraiment la place et le temps, ce sont les écoles […]. Mais ils nous font élire des conseils d'élèves. On nous apprends à élire des personnes. L'agence para-gouvernementale explique que c'est pour former les enfants à voter. Quand on est adultes, on mets en scène l'acte exactement dans le même lieu (les écoles).
Ce qui vient avec c'est que le pouvoir politique passe par le vote. C'est plus important de faire voter, que de faire élire. On essaye de convaincre les enfants que l'action politique est canalisée par le vote.
Les gens qui déclarent la guerre ne la font pas (ni leurs enfants d'ailleurs)
L'idée n'est pas de créer un n-ième parti d'opposition. J'ai beaucoup d'espoir dans les mouvement sociaux autonomes. C'est là ou il y a des choses intéressantes au niveau politique. C'est en échangeant, en discutant qu'on pratique de la politique.
Vous pensez que la liberté, c'est le temps libre. On va penser que les assemblées sont un « perte de temps ». C'est dommage parce que c'est le seul moment ou on peut être libre politiquement. Alors qu'on pense qu'on perds du temps. Les assemblées sont là ou on peut vivre la politique concrètement. Nos activité politiques vont nous sembler inutiles parce que dans nos vies on ne contrôle pas grand chose. Les discussions sont intéressantes quand les enjeux sont au rendez-vous.
Si on avait plus de communs à gérer entre nous, là on trouverait un temps et peut être même un plaisir à s'investir dans ces thèmes. Puisque rien ne nous appartiens, alors à quoi bon parler avec ses voisins ? On parlerait de quoi ?
## Basculement
Je ne sais pas la solution. J'ai des idées. Les vraies grandes transformations dans les sociétés se sont rarement passées parce que quelqu'un avec des amis à établi un plan de match. C'est pas comme ça que ça se passe. Le régime est déstabilisé à un moment donné, il y a une crise dans l'élite. Il faut que l'élite soit déstabilisée. Quand l'élite se tiens les coudes, les forces militaires tiennent, etc. Vous risquez simplement de vous faire écraser.
## Crise de la masculinité
Il y a ce discours de la crise de la masculinité. Il s'agit d'un discours, de rhétorique. A travers des études historiques, j'ai constaté qu'en occident depuis 500 ans, des hommes disent qu'il y a une crise de la masculinité […] en France, en Allemagne et ailleurs […]. Ce discours est tellement permanent, tellement universel, et donc il ne peut pas être autre chose que de la propagande, une sorte d'appel à l'aide envers les autres hommes, pour pouvoir contre-attaquer.
## Violence / Non violence
Les mouvement sociaux sont en permanence traversés par le débat violence / non violence. Aux états-unis, en Italie et ailleurs, des conflits éclatent, par exemple parce que certain⋅e⋅s militant⋅e⋅s voulaient amener des pinces, pour faire un trou dans un grillage.
On parle donc d'une pince à ciseler un clôture d'un réacteur nucléaire. Il ne faut surtout pas casser les vitrines de banques parce que c'est de la violence. C'est incroyable. Dans les mouvement sociaux, des personnes sont tellement concernés par la violence que ça crée des débats. Le débat éthique violence / non-violence est traversé par des exemples qui sont mal compris. Par exemple Gandi et MLK.
Mais c'est une illusion complète. Dans le mouvement d'indépendance de l'inde auquel participait gandi, dans le même mouvement des personnes attaquaient avec des bombes et des mitraillettes.