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La petite porte du perron
Nous nous étions finalement retrouvés sur le perron. La petite porte, ornée de décorations de Noël qui n'avaient pas bougé depuis l'année dernière — à en croire la couche de poussière qui s'y était déposée — était faite de bois massif. Le frappoir en forme de lion semblait presque animé et nous regardait fixement.
« Tu es sûre que tu veux y aller ? » dit Clara en me regardant.
Trop tard, j'avais poussé la porte sans y penser. Elle s'ouvre d'un long grincement lourd, nous dévoilant une pièce plus grande que ce que j'avais imaginée.
En un éclair, sans même l'avoir décidé, je m'étais retrouvé assis à une table, ornée d'une nappe blanche et fournie de victuailles toutes plus opulentes les unes que les autres.
Au moment où l'horloge sonna de manière sonore, les objets posés sur la table se mirent à se déplacer d'eux-mêmes, comme animés.
Le tic tac insistant de l'horloge rythmait les allées et venues de ce qui semblait être un ballet incessant de couverts, assiettes, verres à pied et divers plats.
Ils se présentaient devant moi, couteau et fourchette coupant les brocolis en sauce et les approchant de ma bouche. Horrifié, je repoussais la chaise sur laquelle j'étais assise pour me dégager. Au moment même de me lever, une forte pression sur l'intérieur de mes genoux me fit me rasseoir.
Des carottes râpées avaient succédé aux brocolis, et je ne pouvais plus me lever. Clara à l'autre bout de la table semblait elle aussi prisonnière de sa chaise.
L'horloge s'arrêta, et le ballet cessa. Les lumières s'éteignirent et on pouvait entendre assez distinctement un « tac tac tac » assez rapide se rapprocher de la pièce dans laquelle nous étions. En même temps que les bruits se rapprochaient une lumière semblait également s'approcher de nous. Quelqu'un ?
Dans l'encadrement de la porte qui devait mener à la cuisine apparut une lampe, assez haute et élégante, avec trois pieds en bois, assez longs. L'ampoule était allumée et visible. Elle me regardait, d'un air à la fois jovial et effrayant.
D'une voix aigüe et grave à la fois, elle dit :
« Ah, vous êtes arrivés. Savez-vous l'heure qu'il est ? Vous trouvez ça normal de me faire attendre pour cette nuit de réveillon ? Asseyez-vous, je vais prévenir Ampère. »
J'essayais de répondre, mais dès que j'essayais d'ouvrir la bouche, les barreaux de la chaise sur laquelle j'étais me rentraient désagréablement dans le dos. Je compris que peut-être il vaudrait mieux me taire.
La lampe ressortie de la pièce, avant qu'aux « tac tac tac » se rajoutent des bruits plus sonores mais moins fréquents. Quelques minutes plus tard, Ampère s'était jointe à nous, une lampe assez haute, avec un pied unique et qui parlait quand à elle d'une voix aiguë, abîmée
« Servez-vous enfin. Tout est prêt pour vous. Allez allez, n'hésitez pas tout est encore chaud ça sort du four. »
Les couverts, assiettes et plats se remirent à valser, même si j'avais faim je n'avais pas trop l'envie de toucher à cette nourriture ? Depuis quand était-elle là ?
Les lumières s'éteignirent comme elles s'étaient allumées, le bruit cessa et la porte de l'entrée s'ouvrit. Le vent pénétrant dans la pièce avec fracas.
Je vis Clara se précipiter vers la sortie, et me rendis compte que je pouvais enfin me lever.
Mon sang ne fit qu'un tour et je me retrouvais dehors. Clara me regardait fixement, haletante « Euh, c'était quoi ce délire ? T'as vu la même chose que moi ? »
Contraintes:
- Un objet habituellement inanimé devient vivant.
- Quelques pages d'un roman, très descriptif.
- Ca fait peur.
- ⏲ 45mn