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2024-07-12 02:18:10 +02:00

4.2 KiB
Raw Blame History


title: Gueule de ? contraintes:

Texte écrit lors dun atelier décriture, avec les contraintes suivantes :

  • 🧱 Matériel : Des cartes du jeu Dixit
  • 🤔 Consignes :
    • Conter une histoire, en tirant des cartes. Lhistoire suit le déroulement suivant, chaque élément correspond à une carte :
      • personnage principal
      • situation initiale
      • bascule
      • péripétie
      • alliés ou ennemi
      • enjeu à résoudre / quête
      • résolution / fin sublimant la sitution
    • Se laisser porter par son intuition, ne pas trop réfléchir.
  • Timing: 30mn

Gueule de bois immense, et franchement je ne comprends pas trop. Pas une goutte d'alcool hier, et j'aurais ptet dû, parce que... bah au moins je l'aurais méritée. Un peu d'eau sur le visage, et quand j'aperçois ma gueule dans le miroir, j'ai un mouvement de recul.

Ma tête est couverte de poils, longs, une mâchoire allongée, un... putain c'est quoi ce truc. Un groin ? Un museau ? Merde, un museau. J'ai une tête de clébard.

Je dois être en train de rêver, en pleine hallucination. Allez, hop, une sieste.

Manque de bol, 6 heures de « sieste » plus tard, je me réveille et ça PUE le clébard mouillé. Des poils plein le lit. Deuxième passage devant la glace. C'est pire qu'avant. Une vraie gueule de flic, des canines acérées. J'envoie un message à Camomille, avec une photo, question de lui faire part de la situation, et on se donne rendez-vous sur la place de l'église.

Dehors, je vois la lune, pleine, bien sûr. Et j'ai une de ces dalles. Je croyais qu'avaler tout le contenu du frigo m'aurait aidé, mais rien n'y faisait. J'avais une de ces fringales.

Je termine nez à nez avec Camomille, qui me regarde mi-amusée, mi-apeurée.

«

  • Canon ton déguisement, y'a une surprise-party ce soir ou bien ?
  • Euh non, mais Camomille j'suis sérieuse là, je comprends rien. Et puis j'ai une de ces dalles. T'as rien à graille ?
  • Ben non j'ai rien à graille. Bon, qu'est-ce qu'onf ? ».

Ça me tord le bide, ce truc. Je comprends rien, et pourquoi elle me dit rien, elle croit vraiment qu'on va à une soirée déguisée ?... Pfff. Bon, elle sent quand même vachement bon, la Camomille, ce soir.

On s'avance doucement sous le clair de lune et le décor change. Tout autour, des lianes, une foret de lianes, verte, mousseuse, et agitée. Devant, derrière, dessus, dessous. On n'y voit pas à deux mètres. Et toujours, cette faim qui me tiraille, et Camomille qui sent si bon...

« Je peux sentir ta main ? T'as mis un parfum ou quoi ? » « Sérieux ? T'es sérieuse là ? Tu crois pas qu'on devrait se préoccuper des lianes autour de nous plutôt ? »

D'un coup, une des lianes se saisit d'un couteau, et se taillade elle-même, creusant un passage devant nous. Derrière, la mousse grossit, et le sol se dérobe sous nos pieds, tant et si bien qu'on est obligés de se laisser glisser dans cette foret de liane et de mousse.

On glisse, on glisse, virages serrés bien négociés. Le moment serait en fait parfait, si seulement j'avais pas aussi faim, et d'un coup la descente semble s'arrêter, et on se retrouve obligées de plier les genoux, de monter presque malgré nous.

Devant nous, une tulipe, énorme, type tournesol géant, qui, aussi étrange que ça puisse paraitre, nous regarde. Je ne sais décidément pas ce que j'ai gobé hier, mais ça me fait pas vraiment du bien.

Les pétales semblent se détacher un à un, et la tulipe chante presque en nous regardant.

« Je t'aime… Je t'aime pas. Je t'aime… Je t'aime pas. Je t'aime… je t'aime pas. Je t'aime.»

Dernier pétale. La tulipe nous sourit.

Je suis statique mais mes yeux ne savent plus trop à quoi s'accrocher, les couleurs se mélangent, comme une peinture à l'huile qu'on effacerait avec un chiffon mouillé, faisant des grosses traces de couleur. Ça tourne de plus en plus vite.

Puis les contours deviennent nets, le sol palpable. Je suis en terrain connu, chez les parents. Les petits gâteaux sur la table, et des gâteaux, à la camomille.

Ma mère qui me regarde : « Alors chouchou, on a la gueule de bois ? Tu veux manger un bout ? »