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# L'Ère de la critique
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Au détour d'[une discussion sur mastodon](https://tutut.delire.party/@almet/108257053355480866) je viens de retrouver ce bout de texte écrit mais jamais publié.
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J'y parle de ce que formuler des critiques me fait, de la hiérarchisation qui en découle, et de ce qu'elle me fait à moi mais aussi aux producteurs⋅ices.
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Voici un chemin que je semble parcourir depuis quelques années, de manières répétées mais sans m'en rendre compte.
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Je commence par découvrir : tout est génial, un nouveau monde qui s'explore, de nouvelles personnes, de nouveaux termes, de nouvelles envies.
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Et puis je cherche mieux, plus fort, plus surprenant. Il faut désormais analyser, comparer, trouver des critères pour hiérarchiser, pour tendre vers mieux — (mais pourquoi ? peut-être pour chercher à montrer que *je suis (le) meilleur* ?)
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Plusieurs choses semblent découler de ce mécanisme :
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1. Mon niveau d'attente peut s'élever, à tel point qu'il faudrait bientôt la perfection pour me rendre heureux.
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2. Les personnes qui créent ce que j'écoute, ce que je lis, ce que j'utilise, ce que je mange, ce que je pense; ces personnes sont comparées à d'autres. D'autres qui font mieux, plus grand, plus beau.
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3. Je me renferme sur ce que j'apprécie pour ses qualités intrinsèques, sans considération pour le contexte. J'en viens alors à manquer de profiter de ce qui se fait *ici*, en y préférant ce qui se fait *là bas*.
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## Ne pas (se) mettre la pression
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Une chose que j'ai apprise en devenant brasseur, c'est qu'il est facile de *se comparer* à d'autres, de se mettre la pression. Je crois cette pression néfaste me fait rentrer dans un jeu de compétition — et non pas de saine émulation — où je compare toujours ce que je fais a ce que d'autres font. Je n'apprécie plus les choses pour ce qu'elles sont, mais pour ce qu'elle ne sont pas, pour ce qui leur manque.
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Je produis également cette pression — sur d'autres — quand je juge et classe.
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Après quelques années à fabriquer de la bière, je sais maintenant «ce que je vaux » et donc les critiques extérieures m'impactent moins que par le passé, mais avant d'arriver à cette connaissance de moi même, ces comparaisons ne me facilitaient pas la vie.
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## Intellectualisation vs Émotions
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En cherchant à intellectualiser mes ressentis, en cherchant à analyser ce que je *vis*, est-ce que je n'oublie pas d'aller puiser dans mes émotions ? En analysant *de trop*, est-ce que je ne me prive pas de mes ressentis ?
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## Vers une éthique de la critique ?
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Il semble alors que se poser quelques questions permette d'y voir plus clair :
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1. **Questionner mon niveau d'attente** : Quel est mon niveau d'attente ? Où s'arrête le « bien » et où commence l'exceptionnel ?
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2. **Sortir de la compétition** : Suis-je en (ou en train de rentrer en) compétition avec ce que je juge ? Pourquoi ?
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3. **Questionner l'impact de mes critiques** sur les autres et sur moi-même;
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4. **Rechercher le plaisir** : Est-ce que je trouve du plaisir dans le fait de faire une critique ? et si oui est-ce sain ? Est-ce une critique constructive ?
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