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La couleur bleue | draft |
Contrairement à ce que j'avais imaginé, la petite chambre de l'hôtel miteux réservé le matin même était tout à fait à mon goût. Pour une raison difficile à comprendre, la tapisserie aux murs me rappelait l'odeur plaisante des brownies dont ma grand mère avait le secret, mais je m'égare…
Je m'allongeait de tout mon long sur le lit en m'entendant pester : « C'est quand même la base, savoir ce qui manque non ? Dans quoi je me suis fourrée encore ! ».
Enquêter sur une disparition n'était jamais aisé, mais d'habitude on savait ce qui manquait, c'est vrai.
Ici c'était plus délicat, personne ne semblait savoir ce qui avait disparu, et pourtant tout le monde s'accordait à dire que « quelque chose » leur manquait. J'avais donc commencé à enquêter en allant à la rencontre de qui voudrait bien discuter avec moi, dans ce petit village, qui semblait perdu au milieu du désert.
Après une après-midi de rencontres et de discussions, j'avais réussi à glaner quelques maigres indices, pas grand chose mais c'était un début :
Andy, le gamin qui jouait aux billes dans le hall de la réception n'avait d'abord pas voulu échanger avec moi — « l'étrangère » il avait dit de manière dédaigneuse — mais je l'avais pris par les sentiments : voyant qu'il lui manquait un⋅e camarade de jeu, je m'étais replongée en enfance.
Il avait insisté pour que je reparte avec une de ses billes, avait cherché longuement dans son sac et avait fini par en sortir une aux motifs arc-en-ciel. Il l'avait regardé tristement avant de me la tendre en disant « elle est triste, mais c'est la mieux ».
Une saxophoniste croisée au coin de la rue jouait de manière concentrée, les rares passant⋅es semblaient l'éviter et elle s'était arrêtée en me voyant m'approcher avec mon carnet. Elle semblait dévastée et disait qu'elle n'arrivait plus à jouer, qu'elle avait perdu le « feeling ». En continuant notre discussion, elle m'avait donné rendez-vous le soir même au « 3 rue Jacquet », un club de Jazz.
Je n'avais pas bien compris pourquoi, mais après tout je n'avais pas non plus bien compris ce sur quoi j'étais venue enquêter ! Qu'est-ce qu'une soirée dans un club de Jazz pourrait m'apporter de mauvais ?
Je commandais un Curaçao et m'installait à une petite table, en attendant que les musicien⋅nes prennent place sur scène.
Je me mis à jouer avec l'objet rond et froid que j'avais quasiment oublié. En le sortant je me surpris à l'observer de plus près. J'arrivais à détailler les couleurs de l'Arc en Ciel. Jaune, Vert, Rose, Rouge.
Le serveur m'apporta mon Curaçao — qui semblait bien pale, mais passons — et les musicien⋅nes commençaient à jouer. Tout semblait très droit, mécanique presque et je comprenais alors le manque de feeling dont me parlait la saxophoniste croisée plus tôt. Comme si au Jazz on avait retiré ses racines.
Je sortais en titubant presque (les effets de l'alcool ou bien ceux de cette musique ?), et regardais les néons de l'enseigne de ce club de Jazz.
Il semblait leur manquer partie, il était indiqué « Le .... Note ». Je tenais quelque chose.
Contraintes:
- ⏲ Temps : 45mn
- Ne pas prononcer les mots « pistes » et « bleue », mais faire un texte qui tourne autour d'eux.
- En écoutant 🎶 Rhoda Scott - Lady All Stars